À la rencontre d’un pionnier de l’agroforesterie – François Gardey de Soos

 

Une autosuffisance pour les terres, tous climats ?


Arbres et climat, le champ des possibles, ©AP32

Arbres et climat, le champ des possibles, ©AP32

L’agroforesterie nourrira-t-elle les hommes de demain tout en régénérant des terres, des domaines ? Dans tous les cas, elle se révèle précieuse dans la lutte contre la transition climatique et la faim, au cœur d’une situation mondiale imprévue et fragilisée à bien des niveaux. Après des décennies de dégradation des sols et de la biodiversité, l’agroforesterie peut aujourd’hui prétendre restaurer à moindre coût les équilibres : nourrir d’abord les sols, pour nourrir correctement et durablement les plantes… puis les humains. Le vrai investissement est dans la terre, et dans des arbres à semer, à greffer et à planter sur celle-ci. Dans ce contexte l’arbre est le couteau suisse du climat instable, il est le maillon essentiel de par ces nombreux effets qualitatifs : effet de parasol, de parapluie pour diminuer l’érosion, d’éponge pour retenir l’eau dans le sol, de climatiseur permettant de diminuer jusqu’à 5°C les températures, de ventilateur, de dépoussiérant et de désodorisant au cas échéant, dans un contexte urbain. Dans le contexte rural, il aura pour fonction d’éviter la grillure des feuilles, de limiter l’évapotranspiration des cultures à leurs pieds et d’augmenter l’activité photosynthétique des plantes (croissance).

Nous pourrions prendre l’exemple du Liban, qui ces derniers temps subit des accidents en chaines venant à provoquer des famines et des manques de denrée alimentaire (80% des exports alimentaires viennent de l’extérieur et transitait par ce port détruit). Dans ce cadre, la relocalisation alimentaire peut être envisageable à l’aide de l’agroforesterie, certains acteurs sur place proposent de lancer des programmes agroforestiers dans la « plaine de la Bekaa ». L’agroforesterie dans les terres arides et en proie à la désertification a fait ces preuves, comme c’est le cas dans la bande sahélienne africaine au Burkina Faso dans la ville de Sonh avec la plantation d’un « bocage sahélien » et la méthode des « Zaï ».

L’agroforesterie est une application de la permaculture et de l’agroécologie, elle permet tout en produisant de l’alimentation de « réguler et de régénérer des espaces ». C’est un principe d’intégration plutôt que de séparation ou l’idée est que les connexions entre les éléments d’un système sont aussi importantes que les éléments eux-mêmes représentés sur le terrain par un arbre, un bassin, un animal, un composteur, etc. Ces éléments doivent gérer plusieurs fonctions de plusieurs manières et de façon permanente. L’agroforesterie repose alors sur des principes simples, peu coûteux et naturels : des sols couverts peu ou pas travaillés, une production de biomasse croissante, des plantations multi-étagées, permettant la présence d’une biodiversité animale et végétale comme garante de la résilience aux perturbations climatiques. Tout est lié, et là repose le grand défi de l’agroforesterie : Plus le système produit, plus il protège et fait vivre des organismes nombreux et variés nous dit Fabien Balaguer et Denis Asfaux, de l’Association Française d’Agroforesterie.

De plus, l’agroforesterie est une technique agricole ancestrale, dans l’antiquité on évoquait une « culture en hautain » qui était une méthode employée par les Grecs et les Romains, qui consistait à marier la vigne à un arbre qui servait de tuteur. Les atouts sont nombreux pour la vigne, en étant maintenus en hauteur, elle est protégée face aux gelées printanières, à la grêle et aux chaleurs estivales. Cette polyculture millénaire oubliée en France est à retrouver et à réinventer; — elle fut oubliée en 1960 avec la révolution verte quand la monoculture intensive était à son apogée, avec en cause principale, le remembrement comme l’explique avec précisions Fabrice Nicolino — elle permet de faire pousser sur la même parcelle : céréales, légumes et arbres, et de faire pâturer les troupeaux.

 

Un pionnier de l’agroforesterie, un agron’homme du terroir


François Gardey de Soos a eu le déclic en 1988, au pied de la montagne Noire, dans l’Aude.  Alors qu’il travaille à mi-temps entre berger au domaine de Mazy et libraire à l’abbaye d’En-Calcat, la lecture de deux ouvrages, celui de Bill Mollison, père de la permaculture, l’autre du Japonais Masanobu Fukuoka, inventeur d’une agriculture du « non-agir » est pour lui une révélation. François qui a maintenant 70 ans, est situé au domaine de Mazy à 25 minutes de Carcassonne et y est installé depuis 1977, avec Marie et leur grande famille. La vie ici est abondante entre les enfants, les troupeaux et les arbres.

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Un domaine, une famille sur un terroir


Un beau corps de ferme fortifiée apparaît au bout d’une allée centrale de 1 km, bordée d’une haie champêtre de types bocage (oliviers/mûriers blancs/buissons)  — en France on comptait 2M de km de haie bocagère au début du XXe, elle en a perdu 1,4M km, dont l’essentiel, en 1960 —, d’une grande diversité d’arbres/arbustes fourrager, destiné à l’homme et au bétail. Le domaine de Mazy s’étend sur 120 hectares sur des sols à nature argilo calcaire : du limon en bas et de la silice sur les plateaux, un domaine éprouvé par la sécheresse et les inondations. La partie principale bénéficie d’un microclimat naturel en cuvette, par la présence de Pin d’Alep en forme de fer à cheval. Une forêt qui protège des pesticides épandus par les vignerons des alentours et d’un intérêt paysager indéniable dans un pays ou la monoculture de la vigne a tout fait disparaitre.

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A gauche, un « murier blanc » taillé en têtard pour en faire une trogne.

Cette haie se décompose en plusieurs strates. La strate « arbres » où les plus anciens sont conduit en « trogne », ici c’est le murier blanc aux feuilles lisses qu’on utilise pour nourrir les fameux « vers à soie » ou le bétail, on y trouve aussi des frênes et des chênes verts ; ensuite vient la strate « arbrisseau » : olivier, prunier ; puis la strate « arbustive » : ronciers, églantiers (rosiers champêtres), pourvus de cynorhodon (très riche en vitamine C), aubépine, prunellier, laurier tin, cornouiller sanguin et troène des bois. A cette liste, d’autres espèces pourraient s’ajouter dans la composition de ces haies champêtres/bocage pour la région du sud-ouest : l’érable champêtre, le figuier (comestible), le merisier (porte-greffe universel), le noyer commun (comestible), le tilleul (l’arbre de la disette avec le châtaignier, aux milles usages), le laurier sauce (médicinal), le lilas, le sureau noir (médicinal et comestible), la viorne lantane et d’autres plus discrets, comme l’amélanchier (comestible), l’arbousier (comestible), l’érable de Montpellier, bourdaine, viorne obier, etc.

Dans un souci d’autonomie, quand le fourrage manque en raison des sécheresses estivales plus fréquentes et plus longues, les éleveurs sont poussés à conduire leur arbre en « trogne »,  pour cela on pratique la taille en « têtards ». En ce qui concerne la remise en valeur de l’arbre-trogne dans nos régions, l’Inra mène un champ d’expérimentation à la ferme laitière de Lusignan dans la Vienne, l’enjeu est de savoir si ces arbres survivent aux pâturages et aux tailles répétés par cycle de 3ans et si leurs fourrages sont vraiment adaptés pour nourrir les troupeaux. Les espèces sélectionnées sont le frêne, l’orme, l’aulne de Corse et le murier blanc.

 

L’agroforesterie au domaine


En ce qui concerne les espaces en gestion agroforesterière, on y trouve deux grands types, aux bénéfices multiples : les parcelles agroforestières classiques sur 28 hectares et les parcelles expérimentales en « foret-jardin » sur 4 hectares.

Une des nombreuses parcelles agroforestières du domaine, dans celle-ci, on y trouve des amandiers, pêchers, figuiers pour les fruits et sur le même rang des arbres fourrage/fixateur d'azote : frênes et févier d'Amérique

Une des nombreuses parcelles agroforestières du domaine, dans celle-ci, on y trouve des amandiers, pêchers, figuiers pour les fruits et sur le même rang des arbres fourrage/fixateur d’azote : frênes et févier d’Amérique

 

  • Les parcelles agroforestières classiques

Les champs sont découpés par de longues cultures rangées et complantés d’arbres avec cultures intercalaires de céréales, légumineuses et engrais vert. La distance entre les rangées d’arbres est de 16 m, pour des raisons de commodité par rapport à l’utilisation du matériel agricole existant et la distance des arbres sur le rang, varie de 5 à 6 m.

 

Des rangées d’arbres, où alternes :

 

– Des arbres fourragers aux mille usages ; destinés au pâturage: les feuilles, les gousses seront un apport non négligeable en fourrage pour les périodes sèches et à l’automne/hiver. Sur place, à titre d’exemple ; les feuilles muriers de frênes seront destinées aux volailles et brebis ; les fruits des Paulownias pour les brebis et les porcins ; les gousses des féviers d’Amérique pour tous les animaux, ces feuilles et ces fruits en forme de gousse sont très bon pour le bétail, un arbre adulte fournis 300kg de gousses riches en glucides et protéine. En Algérie, la cavalerie française était nourrie une partie de l’année par des féviers d’Amérique conduits en « trognes bas » de 50 cm à 1m de haut et plantés à une distance d’1m, sur le rang et dont on coupait les jeunes branches.

Un jeune févier et ses gousses généreuses.

Un jeune févier et ses gousses généreuses.

Certains seront aussi « fixateur d’azote atmosphérique »  comme pour le caroubier, l’albizzia et les buissons de la famille des éléagnacés (chalef, goumi…) ainsi que le faux-indigo, le caraganier, la luzerne arborescente et le baguenaudier.

D’autres sont des arbres pionniers poussant spontanément par rejets, il s’agit de les receper et d’en faire par la suite des têtards bas ou haut. Le frêne est « l’arbre fourrager-n° 1 », du fait qu’il supporte très bien la taille comme expliquée plus haut et que les troupeaux en raffolent. Le chêne vert  fait partie intégrante de la forêt méditerranéenne et procure une belle récolte de glands doux ainsi qu’un bois de chauffe de qualité.

 

– Des arbres fruitiers (en majorité, on trouve) : l’amandier (amygdalus communis L.) à une place importante dans la production en vente directe. C’est le premier arbre à fleurir au printemps, étymologiquement « amandier » et « veiller » ont la même racine, dans la bible, il est considéré comme « l’éveilleur ».

On peut trouver des amandes amères, la consommation excessive de celle-ci peut être dangereux pour la santé, par la présence de l’acide cyanhydrique, mais la consommation d’une ou deux n’est pas dangereuse.

On peut trouver des amandes amères, la consommation excessive de celle-ci peut être dangereux pour la santé, par la présence de l’acide cyanhydrique, mais la consommation d’une ou deux n’est pas dangereuse.

Les figuiers (Ficus carica) ont eux aussi du succès dans la production par vente directe, il y a un grand nombre de variétés, celle qui sort en tête : « la Smyrne » dit aussi en nom vulgaire « Figue banane » ou « Jérusalem ». Elle est résistante au grand froid et est très gouteuse. Les figuiers présents dans la parcelle sont pour la majorité « bifères », c’est-à-dire donnant plusieurs fois dans la saison.

Enfin, on trouve des pêchers de vigne sanguines ou blanches (Prunus Persica) un délice de fin d’été et des pistachiers greffés sur térébinthe (Pistacia terebinthus L.), l’essence de térébinthe (thérébenthine) était autrefois préparée à partir de sa sève, elle n’est pas que prélevée sur des résineux, mais également sur des jujubiers du Languedoc et de Chine.

 

Des bandes enherbées sous et entre les arbres

Des couverts semés de légumineuses/engrais vert composé de féverole et moutarde (pour le bétail, mais assurant un abri pour les insectes auxiliaires) cette année ou des luzernes et des variétés de céréales anciennes : blé ancien, épeautre.

Ces cultures sont gérées en « assolement » et louées par un agriculteur pour fournir un moulin.

 

  •  Les parcelles expérimentales en « foret-jardin

Ces parcelles ont été pensées et inspirés par l’un des pères de l’agroforesterie : Ernest Götsch selon les principes de « l’agriculture syntropique » (un système fécond qui s’accroit et qui ne se replie pas, par  épuisement des ressources) ou « agroforesterie successionnelle ». Ernest.G expérimente ces cultures au Brésil depuis 1984 dans l’État aride de Bahia selon ce principe : 1/3 pour l’homme, 1/3 pour l’animal et 1/3 pour la vie du sol. Il est essentiel à ce que l’homme reste dans cet équilibre, vous trouverez plus d’explication, ici.

E.Götsch a initié la création de centaines d’écoles et des coopératives agricoles chez les « paysans sans terres » au Brésil basé sur ce modèle ou les familles peuvent vivre sur 200 à 500m2, c »est à dire, vivre des productions, exploiter, payer les assurances, réparer la maison etc.

Sur le terrain, E.Götsch recommande de planter un peu moins de 2000 arbres à l’hectare, rapprochés d’un mètre les uns des autres sur le rang, et des rangs distants de 4 m.

De par cet exemple, François a donc revu sa stratégie de plantation et a donc, re-densifié et re-serré les plantations : sur le terrain, sur un période 10ans, il est passé entre les rangs de 16 à 8 pour finir à 4m. Le fait de densifier et de serrer ses plantations est dans le but de créer sur le long terme, un jardin où la canopée des grands arbres permettra de créer des « ondulations de canopée » (ce qui fait rentrer en jeux la thermodynamique): quand les nuages passent cela provoque des  « turbulences de vortex » et permet de faire tomber la pluie, selon les expériences de terrain d’E. Gotsch. A son échelle, François a constaté des effets de rosées tous les matin, grâce aux arbres; ce qui équivaut chaque jour à deux arrosages par zone.

Un modèle basé sur 4 strates

Un modèle basé sur 4 strates

 

La palette végétale sur 4 strates (liste non exhaustive) :

 

1/ La strate « canopées »,

Il a été planté des eucalyptus, cet arbre pousse vite pour recréer un sol forestier par la bio-masse en faisant du BRF, des noyers et d’autres essences sont à l’essai comme le paulownias pour créer un ombrage conséquent. On peut également partir sur une base d’arbres pionniers approprié à son contexte, ceux qui poussent spontanément ou qui après plantation se reproduisent aisément (graines: vent, oiseaux) : frêne, févier, châtaigner, Noyer…

 

2/ La strate « arbustive »,

Il est mélangé aux arbres ornementaux : l’albizia (Albizia julibrissin), des fruitiers : pommiers/poiriers greffés et cognassiers (Cydonia ablongua), mais également, abricotiers, amandiers, pruniers, cerisiers, jujubiers, pêchers, néfliers..

Ces deux premières strates sont plantés selon le schéma suivant : 1  arbre « fixateur d’azote » 1 arbre « forestier » et 1 arbres « fruitier ».

 

3/ La strate « arbrisseaux » (arbustes buissons en cépée),

Une grande diversité est présente, où il a été planté : le pérovskia (Perovskia artplicifolia), le chalef (Eleagnus augustiflora et mutliflora), le baguenaudier (Colutea arborescens) et des plantes arbustives grimpantes : la vigne et le kiwi, etc.

 

4/ la strate « herbacées »,

Il est compté parmi elle, les « plantes vivaces indigènes » : le plantain, le fenouil sauvage, la mauve etc. – ces plantes ont toutes la qualité d’être des mellifères – Et les « cultures » où ont été semés des rangs de plantes exotiques résistantes à la sècheresse, à l’essai : le sorgho (origine Afrique) le millet perlé, le sudan grass (annuelle) et le mambassa (Panicum maximum, origine Vietnam) ; et des légumes plus classique comme la blette, la betterave, le potiron, la pomme de terre, la patate douce et quelques choux et tomates ainsi que des asperges.

Cette strate compte ici les petits fruits rouges, fraisiers, framboisiers, cassissiers…

Le Mombassa est une graminée dont la semence est minuscule, à semer au printemps quand le sol est suffisamment réchauffé à la densité de 7 à 8 kg/ha en mélange avec de la luzerne, à la profondeur de 0,5 cm. La première année la plante se développe en couvrant le sol sur une hauteur de 60cm. Au premier hiver la racine se transforme en rhizome, ce qui va lui permettre de rester pérenne pendant 10 à 20 ans. La plante est hybride et ne risque pas d’envahir d’autres parcelles. La seconde année, la végétation peut atteindre 2,50 m et être fauchée plusieurs fois dans l’été pour faire du mulch sur place ou être apportée au bétail. C’est la plante qui donne le plus de gain au poids dans un temps bref, pour bovins et ovins.

 

Aperçu de la parcelle, en premier plan : des semis de "mambassa" et en deuxième, un jeune paulownia et juste derrière, un pommier.

Aperçu de la parcelle, en premier plan : des semis de « mambassa » et en deuxième, un jeune paulownia et juste derrière, un plaqueminier.

Cette conception en 4 strates en plantation densifiée se retrouve aussi dans les « tiny forest » du botaniste japonais Akira Miyazaki, où sont plantés 600 arbres sur 200 m2 dans le but de recréer des micro-climats en ville. (ce type de jardins ont été implantés en masse dans les espaces publics aux Pays-Bas par Shubhendu Sharma en 2016 et en Belgique tout récemment.

P.S: Pour le maintien de 4 strates sur long terme, il faut une proportion de 20% d’arbres dominants (1ere strate)

 

Par ailleurs en Europe, la référence dans ce type d’aménagement se trouve au jardin de Mouscron en Wallonie.

La palette végétale de ces forets-jardin se base sur 7 strates : La 1ère strate « canopée » (grands arbres) ; exemples : tilleul, châtaignier, noyer, fruitiers haute-tige (pommier, prunier, cerisier). La 2e strate « arborée basse » (petits arbres) ; exemples : amandier, sureau, prunellier, fruitiers basse-tige ou colonaire. La 3e strate « arbustive » (arbustes fruitiers et petits fruits) ; exemples : groseillier, mûrier, framboisier, noisetier, goumi du Japon (Elaeagnus multiflora), cognassier, camérisier (Lonicera kamtschatica), aronia noir etc. La 4e strate « herbacée » (légumes et plantes vivaces) ; exemples : chou daubenton, bourrache, consoude, rhubarbe, oseille sanguine, épinard-fraise, livèche. La 5e strate « couvre-sol » (plantes comestibles rampantes) ; exemples : fraisier des bois, lierre, pourpier d’hiver, le plantain, petite pimprenelle, pissenlit, jiaogulan, pervenche, millepertuis, etc. La 6e strate « rhizosphère » (légumes-racines et tubercules) ; exemples : ail/poireau vivace, rutabaga, topinambour, châtaigne de terre, raifort et la 7e strate « verticale » (plantes grimpantes) ; exemples : mure et framboisier grimpant, passiflore médicinale incarnata comestible, kiwi/kiwaï, vigne, etc. D’autre exemple de variété, référencé ici.

 

  • Les parcelles viticoles et le pâturage

Il y a 14 hectares de vignes données en fermage. François a planté près de 300 pieds de vigne d’une vingtaine de variétés, dans le but de les faire grimper aux arbres conduits en trognes et un espace prévu pour les troupeaux s’étend sur 20 hectares en pâturages divers, mais surtout constitué de luzerne.

 

 

Les méthodes de François


François reproduit ces plantes en faisant des semis de noyaux par stratification et au moment de la plantation, il incorpore de l’inoculum en tant que pralinage pour les racines (récolte de substrats forestiers chargés de mycorhize). Ce pralin contribue à la santé de la plante dans le but de la protéger des stress hydriques, chimiques et biologiques à ce sujet et pour mieux comprendre ce processus, je vous recommande la lecture de cet ouvrage « jamais seul »de  Marc-André Selosse. À la fin de l’hiver, il pratiquera la « greffe en couronne ou en fente » pour les amandiers notamment et fera un compost constitué de « marc de raisins et de BRF pour les trous de plantation ».

Après retour d’expérience, François recommande de planter simultanément les différentes strates et les différentes espèces. Dans le choix des espèces, pour les arbres de la famille des fabacées, il faut sélectionner des féviers d’Amérique « inermis » (sans épines), les épines sont dangereuses sur le long terme parce qu’elles regorgent d’un poison dangereux pour l’homme. Au niveau de la gestion des auxiliaires, il a été introduit des canards de la variété « Khaki campbel » pour lutter contre les escargots blancs qui sont très envahissants ; de plus, cette variété de canard serait plus résistante face aux maladies que la variété des « coureurs indiens » qui raffole de ce type de mollusques et autres limaces. Il conseille quand on élève des canards, de couper les ailes pour éviter l’envol et de veiller aux renards qui peuvent s’approcher des enclos.

Cela est échantillon des méthodes de François.

« Le jardin m’a été confié, témoigne-t-il. Je suis chargé de le conduire en bon père de famille et de l’amener à un point de fécondité plus grand que ce que j’ai reçu : c’est le plan de Dieu pour la Création. »

 


Ci-dessous, vous trouverez une vidéo d’expérience de terrain, décrivant un multi-étagement d’aromatique, le maitre-mot de Stéphanie: « densifiez vos plantations, installer des plantes au port différents, le système racinaire est différent et complémentaire » :


 

Le système agrosylvopastoral chez François


Une cinquantaine de brebis paissent dans une prairie de hautes tiges. « Ce sont des Guirra, une race ancienne, originaire du Hoggar, au sud de l’Algérie, précise François de Soos. Elles sont particulièrement adaptées au climat méditerranéen et savent trouver les plantes aromatiques médicinales pour se soigner elles-mêmes. » Ancien berger, il a repris ce troupeau il y a huit ans pour mener une expérience bien précise : le « pâturage rotationnel. » Avec l’aide de l’un de ses fils, il change ses brebis de pâturage matin et soir, au lieu de les laisser paître pendant un mois dans le même champ. Ses brebis tournent ainsi sur l’ensemble du domaine : « Elles rendent la terre plus fertile grâce à leurs déjections et au fait qu’elles foulent l’herbe au sol », explique l’ancien berger. « Grâce à ça, les féveroles et la moutarde ont été exceptionnelles cette année, ainsi que les parcelles cultivées en blés anciens. » Cette technique s’inspire des travaux d’Allan Savory, un biologiste zimbabwéen, pour lutter contre la désertification. « Aujourd’hui, le pâturage rotationnel est enseigné et se pratique ailleurs en France avec des vaches, des poules, ou des cochons », précise François de Soos. (source article : « Les Brebis Guirra à Mazy, aiment changer de pâture » par Agnès Chareton pour le Pèlerin N°7179 du 2 juillet 2020).

Les brebis se régalent des feuilles de frênes, prévue pour le fourrage.

Les brebis se régalent des feuilles de frênes, prévues pour le fourrage.

 

À titre d’exemple, dans les systèmes agroforestiers naturels, comment ne pas évoquer le Dehesa Ibérique qui s’étend sur près de 4 millions d’hectares entre l’Espagne et le Portugal. C’est le plus important « système agrosilvopastoral » en Europe. Il est composé de chênes espacés par des pâturages et des cultures de fourrages et de céréales. Les animaux qui y pâturent (ovins, bovins, porcins) produisent une viande d’une exceptionnelle qualité, comme par exemple le « jambon Pata Negra », dans ce contexte l’arbre y joue un rôle déterminant. Voici, un compte rendu de terrain.

 

 

 

Pour aller plus loin


 

  • Contact

François Gardey de Soos, Domaine de Mazy, 11800, Laure-Minervois, France. Tel. 04 68 78 15 17

Vous trouverez sur ce lien, un résumé des méthodes de François et le lien CIVAM pour la vente directe sur place.

Par ailleurs, François et Marie de Soos aimeraient passer le flambeau à la jeune génération. Ils cherchent une famille à qui transmettre le trésor : leur ferme.

 

Il y deux colloques qui sont organisés dans l’année l’un national le 3e we de février et l’autre un dimanche dans les régions. Ces rencontre réunissent des agriculteurs (chrétiens notamment) qui échange sur des sujets de méthodes agricoles, mais également sur des sujets anthropologiques, spirituels et philosophiques, dans le but pour beaucoup est de trouver des soutiens et des solutions quand pour la plupart sont pris en étau entre l’administration, la financiarisation de l’agriculture et les catastrophes climatiques.

 

Cet initiative que François a lancé avec quelques amis venus des métiers de l’agronomie, de l’agroécologie et de l’économie, dont Yves Reichenbach et Hervé Coves.

Le but de l’association est d’encourager le lancement de fermes en agroécologie, en transmettant les « savoir-faire » des anciens paysans à une nouvelle génération en ce qui concerne la problématique d’une installation rurale, et de répondre sur le terrain, en proposant des formations sur l’agriculture vivrière. Des savoir-faire pensé et inspiré par l’encyclique « Laudato-Si » et « l’agriculture de la fécondité », inspiré par l’agriculture syntropique de Ernst Gotsch.

Deux stages d’une semaine ont lieu en mars et en novembre au Domaine de Mazy, le prochain sera le 21 mars 2021.

 

  • En complément

– Un résumé de l’agroforesterie et mes quelques expériences de terrain, sur ce lien.

– Des ouvrages en lignes, ici et deux ouvrages majeurs pour commencer : « permacutlure en climat tempéré » de Franck Nathié » et « créer un jardin foret » de Patrick Withfield.

– Une agriculture auto-fertile ? Témoignage de Pierre Pujos

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