Récoltons l’humus, récoltons l’humilité, récoltons l’or brun du jardinier
Le compost est surtout un processus, il consiste à faire décomposer de la matière organique en « tas », par transformation maitrisée aérobie (en présence d’oxygène) des restes alimentaires et du jardin, à l’aide de micro et macro organismes produisant un amendement et un fertilisant stabilisé, ressemblant à un terreau avec beaucoup plus de vertus que les sacs de jardineries. Il est de couleur noir, et grumeleux ressemblant à un humus forestier, pour avoir ce résultat il demande d’être entretenu et contrôlé.
Des déchets considérés comme négatifs deviennent positifs, j’ai alors un slogan : « ordure », peut s’écrire en deux mots. Jean-Jacques Fasquel
Le compostage est l’art du mélange. Les « déchets humides » (seuls, ils se tassent et s’asphyxient), les « déchets secs » (seuls, ils ne compostent pas) et les « déchets grossiers » (ils créent des vides dans lesquels l’air circule). Les déchets de cuisine (vert) doivent être toujours couverts par des matériaux bruns (feuilles, sciures, cendres et copeaux) qui absorbent une grande quantité d’eau et donnent de l’air, en quantité adaptée.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Lavoisier
L’utilisation et les propriétés du compost
Le compost au jardin offre une issue concrète aux problèmes d’évacuations, c’est 40% en moins dans les sacs à ordures pour une famille. Le compost est un amendement organique qui améliore la structure d’un sol. Ce sol qui est redevenu depuis quelques années, un acteur incontournable dans la croissance des plantes au jardin, aux champs, à la foret.
C’est l’écosystème sol qui permet la plante. Depuis les année 80, c’est un changement prodigieux qui s’est opéré. Avant le sol était considéré comme un substrat que l’on remplissait comme une éponge avec des intrants. Maintenant, on considère que le sol est vivant, on étudie la vie microbienne qui l’habite […] La racine amène de la nourriture sous forme d’exsudat ou de parties mortes aux bactéries et champignons situés dans la rhizosphère. On compte plus de 100 à 1000 millions de bactéries par gramme de sol rhizosphérique. Pour ces organismes, la santé de la plante est fondamentale : c’est leur garde-manger, donc ils la protègent Marc-Andé Selosse.
Il est primordial de diversifier les éléments, par exemple, si celui-ci est constitué que de feuilles, il aura peu de valeur fertilisante. En revanche, il apporte beaucoup d’humus et est parfait pour améliorer les qualités physiques d’un sol. De même que l’âge du compost est une valeur importante, jeune : il donne beaucoup d’éléments minéraux, âgés : il donne davantage de matières organiques. Par exemple, un compost trop jeune n’est pas idéal pour certaines plantes et semis (surtout au potager), il peut être trop riche et bruler les semis, il faut alors le mélanger à la terre. Avant une plantation, on mélange 1/3 de compost à 2/3 de terre du jardin, dans un trou plus large que profond.
J’utilise surtout le compost comme paillage, il permet de minimiser les arrosages et améliorent les structures des sols en les rendant plus léger si le sol est lourd/argileux et plus consistant (permet de garder les éléments fertilisants), si le sol est léger. Un sol se modifie progressivement par l’apport de compost; avec le temps, un sol lourd devient plus ou moins grumeleux tout en renforçant son stock d’humus. Un paillage et un compost sont complémentaires, J’ajoute en général le compost que je recouvre avec des paillis organiques (copeaux, feuilles, pailles, etc.).
Le compost est sans contradicteur, l’amendement organique par excellence pour améliorer et maintenir un sol en bonne santé dans ces premiers 20 cm (en comptant une dose: 1 à 5 L/m2, sur 5 à 15 cm d’épaisseur). En revanche, le compost ne remplace pas un sol, il l’amende. Il peut aussi s’utiliser au moment de la plantation, comme substrat de croissance pour les cultures et assurer une bonne reprise racinaire pour les arbres et les arbustes tout en améliorant le sol, à la différence d’un terreau.
Au final, un compost est plus adapté en couche de surface, il est vite absorbé par les racines superficielles des plantes qui profitent des éléments nutritifs. Par la suite, ce sont les vers de terre qui seront les plus compétents pour incorporer en profondeur, ce compost dans la terre et ainsi, améliorer sa structure.
Alors, amendement ou engrais (naturel) ? L’objectif, en jardinage naturel est de rendre sa terre vivante et fertile nous dit Gilles Dubus. Les apports d’amendements sont donc à privilégier, plus de détails ici
Toutes matières organiques se décomposent, c’est une question de temps et d’équilibre : trop d’azote ou trop de carbone, le compost en pâtit
Il faut veiller à garder un apport équilibré entre les matières organiques vertes et humides. Les matières azotées et les matières organiques sèches et ligneuses que sont les matières carbonées. Au début du compostage, il faut trouver un rapport entre le carbone (C) et l’azote (N) entre C/N, par exemple, pour la paille, il faudra alors 1 unité d’azote pour digérer 30 unités de carbone. Vous trouverez une explication plus précise de Christophe Gatineau, sur ce lien.
Il est inutile de connaître en détail la chimie à l’œuvre lors d’un compostage. Les transformations s’opèrent par minéralisation qui est une transformation rapide des éléments minéraux solubles contenus dans les débris végétaux qui commence grâce à la présence d’azote dans les déchets verts et par la présence de l’air et de l’eau. Les décomposeurs de 1re ligne sont les verres de terres, acariens, cloportes, myriapodes, coléoptères, etc. arrivent par la suite, les décomposeurs de 2e ligne que sont les bactéries aérobies, champignons et actinomycètes, ces derniers microscopiques, transformeront les matières organiques (MO) pour la rendre assimilable par les plantes.
Dans la mise en place, il faut compter 2/3 part de déchets secs carbonés (bruns, durs et secs) pour 1 part de déchets humides azotés (verts, mous et mouillés) pour les bacs/tas séparés en plusieurs opérations ou 20 parts de déchets bruns/secs pour 1 part de déchets verts/humides pour la mise en place d’un andain/tas en une seule opération. Un processus de compostage se déroule lentement, s’il y a une majorité de déchets carbonés (les microbes n’ont pas assez d’azote), à l’inverse, s’il y a trop d’azote, le compostage ne se fera pas, voir pourra pourrir. Certains jardiniers selon leur contexte et leurs matières disponibles, développent davantage un compost à dominance brune (plus carboné), plus adapté aux arbres et arbustes et aux cultures pérennes (plantes vivaces et légumes perpétuels); d’autres développent un compost à dominante verte (les bactéries seront plus présentes) plus adapté pour cultiver des cultures annuelles (fleurs et légumes) ou pour nourrir un gazon.
Note: La faim d’azote c’est quoi ? Dans les premières années, si l’on donne à son sol un compost trop riche en carbone, le compost peut extraire de l’azote du sol pour poursuivre sa dégradation et l’azote n’ira plus à la plante. Cette « faim d’azote » est à relativiser et dépend de l’état de son sol et s’observe surtout les premières années.
Le compostage refait surface
Ces derniers temps, un grand nombre de jardiniers et de maraichers oublient progressivement le compost en bac et tas, voir lombricompost et privilégient un apport direct en matière organique fraiche qui renferme encore de l’énergie et nourrit directement le sol. Didier Helmstetter nous explique ce choix, il trouve cela inutile de transporter deux fois les matières qui finiront au jardin.
Ils ont raison. Toutefois, les composts en bac, en andain, etc. restent une méthode intéressante pour des moyens jardins périurbains. Ils sont aussi complémentaires quand il y a subitement un grand nombre de déchets.
Quels composteurs ?
Dans ce choix, il n’y a pas de dogme à appliquer mais il y a une meilleure solution à appliquer par rapport à son contexte et à ses possibilités,
de plus, il est important de connaitre ses habitudes alimentaires ainsi que la végétation sur place, ce n’est pas tant la taille du jardin qui détermine ces méthodes de compostages, que les déchets disponibles et leur utilité. Choisir un composteur ou un lombricomposteur peut se poser, si on est en immeuble disposant d’un balcon et de cultures, si l’on dispose juste d’un petit jardinet avec peu ou pas d’arbres et d’arbustes, avec peu de déchets bruns/secs et trop de déchets verts.
Les deux sont à mon avis complémentaires et se relaient en creux de saison ou pour se répartir le travail : lombricompost pour les plantes d’intérieurs, le compost pour les plantes d’extérieurs.
En somme, un compost accueille plus de déchets et de diversités et demande un peu moins de surveillance; il prend plus de place (pour une bonne efficacité : chaleur et décomposition, on compte 1m3); un lombricomposteur accueille moins de déchets et est surtout adapté pour les déchets verts de cuisines.
Le compost en tas ou andain (méthode à chaud, en une seule opération)
Il est possible de mettre en place, un compost en faisant un tas avec tout ce que l’on récupère (herbes, tontes, feuilles, déchets de taille passée au broyeur, déchets de cuisine, etc.) en une seule opération. Le but est d’avoir un tas (forme carrée ou rectangulaire, en U) de 1m20-50 de haut, pour chauffer rapidement et enclencher un compostage en empilant par « millefeuille » ces différents matériaux en alternant les couches de matériaux verts azotés et bruns carbonés (voici un récapitulatif de 15 matériaux naturels et gratuits). De plus, le tas sera couvert pour éviter le lessivage en couvrant avec du carton, de la toile de jute, ou de la paille.
Le compostage en bac et compartiment (méthode à froid, en plusieurs opérations)
– En bac :
Le compostage se fait tout au long de l’année dans un bac. Quand le bac plein, on peut appliquer deux méthodes qui sont toutes les deux valables, le but premier reste d’évacuer et de récolter son compost.
Soit on choisit de transborder, ce qui permet de retourner et d’inverser les couches de compost en décomposition : « peu décomposé » et « très décomposé », « humide » et « sec » ce qui à pour conséquence de relancer la décomposition, si celle-ci s’est stoppée. Par expérience, en comptant deux sceaux de déchets de cuisine par semaine, la fréquence de transbordement sera de deux fois sur une saison, pour un tas d’1m3.
Ou soit, on choisit de laisser les bacs sans transbordement, en brassant régulièrement et en alternant les bacs: un coup « réception », un autre coup « maturation ».
Au niveau des délais, on laisse décomposer en moyenne entre 6 et 12mois. C’est à chacun de voir, si le compost est assez décomposé et bon pour être récolté (explication dans le chapitre ci-dessous).
Pour ceux qui par éthique ou économie, préfèrent la récupération et le recyclage, on peut récupérer des pierres, des tuteurs, des palettes, des pneus empilés (selon les gouts) des poubelles type « américaine » (photo ci-contre). Cette dernière méthode est pour moi la plus simple et la plus solide, à mettre en place pour un bon suivi de décomposition et une bonne protection des pluies. La mise en place est simple, il s’agit de retourner une poubelle en découpant son fond afin d’avoir un couvercle, ensuite on perfore les flancs pour assurer une bonne aération du compost, elle se démoule facilement par le haut, au moment de la récolte.
Les plus classiques sont les composteurs en bois munis d’un couvercle, de parois rigides avec des trappes et ne comportant pas de fond pour que le contenu puisse être en contact direct avec le sol (les vers lombrics feront des allers/retours entre le sol et le compost et participeront à la décomposition avec les autres décomposeurs).
* Note : à éviter
– les modèles en bois avec des lattes trop espacés qui laissent passer trop d’eau de pluie et de vent
– les composteurs rotatifs, ils ne sont pas en contact avec le sol, sont peu aérés et ont une trop petite capacité pour une bonne décomposition.
– les composteurs en grillage : Le problème est le dessèchement; un compost doit être aéré, mais aussi humide. On parle plutôt d’enclos pour réserve de déchets bruns.
– Je conseille ce type de modèle (à construire éventuellement) avec un couvercle fixé par charnières et paroi entièrement démontable de façade, modèle Gardigame
– En compartiment :
Le compostage peut aussi se faire par tas compartimentés. Ces compartiments peuvent se fabriqués à l’aide de planches, palettes, et grillages en-dessous et sur les parois, pour éviter la prolifération de rongeurs.
* Note : Si je n’ai qu’un tas ou bac, puis-je faire un bon compost ?
Oui on peut, mais il faudra être vigilant à que les tas ne soient pas trop sec ou inversement, trop humide sinon le compost peut être déséquilibré dans sa décomposition. Si cela doit se produire, je recommande la méthode du déversement : on déverse le contenu de son tas sur une planche, dans le but de relancer son compost. Cela va permettre de relancer la décomposition et de refaire monter la température. Si on remarque que le tas a tendance à s’assécher, on arrosera chaque couche à mesure du remplissage, en comptant 1 arrosoir, tous les 10cm et ainsi de suite, et à l’inverse, si la tendance est trop humide, on ajoute des déchets bruns/secs dans les mêmes proportions.
Ci-dessous, une installation pensée par Joseph Chauffrey qui a séparé ces deux composteurs de 800litres, pour que l’ensemble forme une succession de quatre bacs de 400 litres; cela facilite le brassage et le transbordement et assure un meilleur suivi de décomposition, mais cela demande plus de temps au compost.
Pour assurer une bonne décomposition : quelques clés
Le compost n’est pas une poubelle et composter, c’est l’art d’accommoder ces restes. « Faire son compost est tout aussi noble que de fabriquer un fromage ou de faire du vin, un compost réussit, c’est le pain de la terre ». Marc Grollimund pionnier du jardin bio en France.
– Couvrir son compost
Couvrir par le haut : pour contrôler la perte humidité, surtout en période sèche. Il faut un minimum d’humidité pour que les organismes décomposeurs survivent. À l’inverse, on doit éviter un excès d’humidité : le compost gorgé d’eau asphyxie les organismes décomposeurs et crée du lessivage (perte des éléments minéraux dans la terre). Couvrir son tas permet aussi de minimiser la ponte d’insectes indésirables, en particulier les mouches (qui n’aiment pas l’obscurité), les hannetons (vers blanc et gris – un autre ver blanc, la cétoine est quant à lui inoffensif pour les cultures et utile pour la pollinisation et il décompose le bois, à ne ne pas les confondre).
Pour le « compostage par compartiment », on privilégie la toile géotextile (toile utilisée pour la protection hivernale des plantes) en feutre, tout en complétant avec de la paille et carton ou couvercle bois, dans le but de laisser circuler l’air et limiter l’entrée des pluies.
Couvrir par le bas : pour éviter les visites régulières de petits mammifères (rats, souris).
J’ai opté pour installer un grillage (maille 1cm) en dessous et sur les bords. Pour éviter d’attirer ces rongeurs, les déchets de cuisines nécessitent d’être enfouis/recouverts systématiquement par des matériaux bruns ou de la terre.
– L’emplacement du compost
Il se doit d’être exposé à la mi-ombre. Le soleil est un acteur d’importance, mais avec modération en raison que l’humidité doit être maintenue. L’exposition idéale est orientée sud/ouest (à l’ombre, la première partie de la journée) et dans une partie protégée du vent.
– Aérer son compost et l’arroser
On aère en « brassant ». En raison de son poids, le compost peut se tasser et la décomposition peut-être ralentit, ce qui n’aidera pas les organismes décomposeurs à faire leur travail. En réalité, un compost peut très bien se faire tout seul, mais ça prendra plus de temps, le rôle du jardinier doit alors juste veiller à ce que le compost ne soit pas trop chaud, ni trop humide ou trop sec, et que les micro-organismes puissent faire leur travail sans être déranger par des rongeurs.
Les outils pour aérer sont l’incontournable « fourche bêche », elle permet juste de remuer sans retourner, cela va pour ceux qui comme moi on plusieurs tas pour faire un transbordement ou pour le déversement d’un seul tas (revoir chapitre: compost par séparation). Je ne brasse pas souvent, toutes les deux semaines pas plus.Ou les « ressorts » (photo ci-contre) qui brasse tout en aérant et permet de voir rapidement l’avancée de la décomposition.On apporte de l’eau, pour qu’il garde une humidité raisonnable (éponge essorée).Le soleil n’est pas gênant si l’exposition du tas ne dépasse pas une demi-journée.– Accélérer la décomposition ?
Les accélérateurs de compost vendus dans le commerce sont trop onéreux pour une faible quantité. Je conseille de récolter des plantes à forte teneur en azote éventuellement disponible sur son terrain, qui favorisent le développement des micro-organismes et des champignons. C’est le cas, pour le gazon coupé, la fougère, le pissenlit, l’ortie et la consoude (mais aussi la camomille, la valériane, l’achillée millefeuille, la prêle) complétée par l’apport d’une bonne terre du jardin, l’urine diluée à de l’eau qui est riche en ammoniac est aussi intéressante pour stimuler son tas de compost.
– Disposer d’un stock de déchets brun/sec
Par expérience dans un jardin en ville, on manque souvent de ce type de déchets que de déchets verts et ceux, à partir de la 2e moitié de printemps et tout l’été, c’est pour cela que je recommande d’avoir du « carbone » en stock. Or, faute de suffisamment de matériaux bruns, un compost aura tendance à pourrir, plutôt qu’à se décomposer.
Il est ainsi important de stocker ces déchets pas loin du composteur, ils serviront à l’alimenter, mais aussi à d’autres utilités comme pailler ces massifs, ces plantations, monter des lasagnes, préparer des zones de cultures, etc. Je préconise de monter un enclos de stockage avec du grillage de poules en plantant 4-5 piquets de 1m50 de H, en déroulant un grillage tout autour.
Quels déchets et que peut-on composter ?
Tous les déchets organiques à différents degrés sont compostables :
– Les déchets de cuisine : épluchures, coquilles d’œufs, marc de café, filtres en papier, pain, laitage, croûtes de fromages, fanes de légumes, fruits et légumes abîmés, voir viande en petite quantité, etc.
– Les déchets de jardin : tontes de gazon, feuilles, fleurs fanées, mauvaises herbes, etc.
– Les déchets de maison : mouchoirs en papier et essuie-tout, les journaux, les cartons et les magazines, à condition que l’encre soit naturelle (les cartons d’origine européenne certifient que l’encre est naturelle);
– Les litières d’animaux biodégradables. Il mieux vaut éviter les litières d’animaux domestique si l’animal n’a pas de traitement antibiotiques, cela vaut pour les parcelles destinées aux cultures potagères, mais si ce compost, est juste destiné à des massifs de plantes ornementales, cela ne pose pas de problème.
Selon l’ADEME, quelques déchets se dégradent plus difficilement et demandent quelques précautions :
– Les déchets très ligneux ou durs (tailles, branches, os, noyaux, coquilles, trognons de chou, etc.) doivent au préalable être broyés;
– La viande peut être compostée pour autant qu’on la mette hors d’atteinte des animaux et qu’elle soit placée en petits morceaux au centre du tas, avec un apport important de « déchets brun » idem, pour les litières d’animaux domestiques;
– Les coquillages et les coquilles d’œufs ne se décomposent pas. Mais leur usure apporte des éléments minéraux et du phosphore à la terre après amendement et dans le tas elle facilite l’aération;
– Les tailles de plantes malades, à condition de bien faire monter la température du tas entre 60°C et 70°C. Selon certains, même à basse température les germes pathogènes seraient détruits, à condition que soit visible une intense activité biologique de décomposition et une bonne montée en température à 50°C (pas plus, sinon pertes d’éléments minéraux) qui s’obtient avec un tas conséquent, au minimum de 0,5m3 pour détruire les germes pathogènes et aussi les graines des adventices.
Attention : Au delà de 70°C, le carbone pourrait bruler et donc rejeter, ce qui n’est pas le plus écologique; à part si votre composteur est détourné pour une installation de type « réacteur Jean Pain » pour chauffer une serre ou une maison.
– Pour les plantes adventices à graines (liseron, chiendent, etc. ou autres envahissants), on doit les faire sécher au soleil 1 à 2 semaines pour bruler les graines, avant des mettre au compost. Je conseille selon sa place, de fabriquer un tipi soutenu de corde/grillage pour accueillir ces herbes.
– On peut disposer de la cendre avec modération tous les 2-3 mois; cela peut-être intéressant pour des plantes malades qu’on dispose dans des petits tas et où il est compliqué de faire monter la température la cendre en raison de sa forte teneur en potasse, désinfecte.
– On évite : les déchets gras, huiles végétales et bois de menuiserie traités (vernis et collés).
Note : Les déchets quelques subtilités
– Certaines feuilles épaisses et de grandes dimensions comme celles du platane, du laurier, du noyer et autres conifères, etc. se décomposent très lentement, il faut les passer idéalement aux broyeurs ou tondeuses. De plus, les feuilles de noyer constitués de « juglone » et celles de chêne, constitués de « tanin » peuvent freiner à une certaine échelle, la décomposition, mais ne l’empêche pas. Il faut donc mélanger ces feuilles avec d’autres espèces, moins tanniques, le processus s’en trouvera accéléré.
En automne (dernière tonte si nécessaire, en octobre), pour les grands jardins, on peut ramasser les feuilles et les broyer en même temps, avec la tondeuse en position haute.
– Comme décrit, on peut composter ses mouchoirs, serviettes et sopalins à moins d’avoir une consommation irrationnelle de ces papiers à usage unique, leur incidence en terme de toxicité sera quantitativement sans risque, mélangé au reste dans le compost. De plus, selon l’état sanitaire actuel, c’est une fausse idée que de penser que seule l’incinération de nos mouchoirs est possible pour se débarrasser de ses miasmes. Le mouchoir étant constitué de cellulose et hautement biodégradable, placé dans un environnement de décomposition adéquate et bien couvert, il se dégradera en moins d’une semaine et il n’y aura pas de risque de contamination si celui-ci est bien mélangé. Je vous invite à lire ce dossier sur le compostage des mouchoirs.
– Ci-dessous, vous trouverez des tableaux récapitulatifs sur l’utilisation et la répartition des déchets ménagers entre compost et lombricompost (cliquer sur l’image pour agrandir) :
Maturation, récolte et utilisation du compost
Je remarque souvent que le problème majeur dans l’évolution d’un compost chez des particuliers est que le compost fermente plus, qu’il se décompose. Cela s’explique faute d’un compost presque exclusivement composé de déchets de cuisine azotés et humides, la décomposition se fera quand même (comme une montagne de déchets constitués uniquement de peaux d’agrumes), mais prendra bien plus de temps. Dans ces tas, il y a une absence d’air et le compost « étouffe » et dégage une mauvaise odeur cela est dû à une réaction des bactéries qui n’ont pas assez de carbone pour digérer ces matières.
La maturité d’un compost ne se mesure pas temps, à l’âge, mais à son degré de décomposition (à l’œil, au toucher et à l’odorat) : la majorité des éléments sont fins et de taille homogène (hormis quelques éléments grossiers : branches, coques de noix, noyaux d’avocat), l’odeur est agréable faisant penser à un sol humifère de sous-bois, la couleur est marron foncé presque noir et enfin, les vers sont absents. C’est le moment de récolter et de tamiser.
Pour le tamisage: On utilise une cadre grillagée qu’on place au-dessus d’un support. Je récupère personnellement des cagettes en plastique aux mailles fines (photo gauche ci-dessous) pour tamiser au dessus d’un sceau, cela est très pratique pour les petits jardins urbains qui ne peuvent accueillir une brouette. Toutefois le plus simple, reste de poser un grand cadre grillagé au dessus d’une brouette.
Il restera des déchets grossiers de type copeaux et autres coquilles d’oléagineux qui sont chargés de bactéries et de champignons spécifiques continuant à se dégrader, on les garde pour aller au sol, en deuxième couverture.
Il n’est pas nécessaire de stocker le compost et d’attendre pour pailler, sans abri de la pluie, il peut à cause du lessivage perdre une grande partie de ses éléments fertilisants et se minéraliser (si on n’a pas le temps, on le laisse dans un sceau recouvert d’un carton trempé pour garder l’humidité et les éléments fertilisants). C’est pourquoi, les terreaux récupérés ou vendus en sac provenant d’énormes tas en plein air et issue des plates formes de recyclage sont des terreaux utiles comme supports de cultures, mais non pour amender un sol.
Vous trouverez dans un chapitre suivant, un point développant la méthode pour faire un terreau qui est intéressant quand on veut produire ces semis en cagettes et godets.
Un compost est mûr à partir du 4e au 12e mois, selon l’implication qu’on donne dans le processus de décomposition, pour une implication moyenne on compte 6e à 9e mois.
Note : Méthode de compostage Berkeley – Test « compostage rapide » avec Damien Dekarz
Comment on applique un compost et pour quelle dose ?
Pour un sol trop lourd, le compost allège la terre . Un sol pauvre et léger, le compost va la nourrir et ainsi permettre de mieux retenir les éléments nutritifs de la plante, au niveau de ses racines.
– Un paillage nutritif, dans le but d’imiter la litière d’un sous-bois et de redonner vie à une terre pour qu’elle redevienne nourricière. Il faut juste déposer le compost en surface sur une couche de 3cm d’épaisseur, on compte 6 à 8 kg/m2; par la suite, pour des arbustes bien enracinés, on paille tous les 2 ans (soit 2 à 3 kg/m2) et pour des vivaces tous les ans en mars-avril (soit 3 à 5 kg/m2). Par conséquent, il est inutile d’enfouir : les pluies et les vers de terre s’en chargeront. L’évaporation de l’eau du sol sera limitée. Il est idéal pour profiter des bénéfices du compost, de régulièrement l’étaler (au moins une fois par mois) sur vos massifs, zones de cultures pour retrouver une terre fertile et forestière.
– A la plantation, en mélangeant le compost à la terre, les racines en se développant trouvent par la suite, les nutriments du compost digérés par les vers de terre. On compte 20 % de compost pour 80 de terre (soit une part de compost, pour trois parts de terre/terreau).
Les doses au potager, au verger, dans les massifs, etc. ?
– Au potager, pour les parcelles qui seront destinées aux cultures gourmandes comme les artichauts, aubergines, céleris, toute la famille des cucurbitacées et des solanacées, on paille en comptant 3 kg à 5kg/m2 (équivalent volume : 4L); les autres cultures comme les asperges, betteraves, carottes, épinards, haricots, laitues, persil, petit pois apprécient sans plus le compost, on paille en comptant 1 à 3 kg au m2 et toute la famille des liliacées et des bulbes comme l’ail et l’oignon sont indifférents au compost.
– Pour le verger, on paille au moins 1 cm en dessous des arbres, soit 3 à 5 kg/m2.
– Les bacs et jardinières : Pour concevoir une nouvelle jardinière, on part sur un mélange 1/3 de compost, 1/3 de terre et 1/3 de sable (c’est mieux, mais facultatif). Les plantes déjà installées auront juste besoin d’avoir un renouvellement de la terre en surface en enlevant les trois premiers centimètres et en remplaçant par l’équivalent en compost. Pour un rempotage, c’est 1/3 compost et 2/3 de l’ancienne terre ou d’un terreau (je préfère la terre) ou 20 % de compost qu’on mélange à l’ancienne terre.
Note : Autres conseils, toujours avec Damien Dekarz
Le compostage refait surface : une méthode plus adapté au jardinier-maraicher ?
Un grand nombre de jardiniers-maraichers délaissent les composteurs pour cette méthode en raison que les micro-organismes du sol ont un accès plus direct à ces matières et ainsi, sont plus stimulés. Il ne s’agit pas de rejeter le compost classique qui améliore à l’identique un sol, c’est juste une question de délais, dans la mesure où il sera moins rapidement disponible pour les décomposeurs déjà présents dans le sol.
Quels sont les avantages, à appliquer cette méthode ?
– On économise des allers/retour au composteur et à pailler avec son compost.
– En période estivale, ces déchets verts humides gardent un sol frais et riche.
– La décomposition est rapide à même le sol et l’on constate, l’apparition d’un compost au bout de 2mois au lieu de 4-6mois en composteur, selon certains.
– Un paillage très nutritif, il constitue une couverture vivante pour le sol présentant en outre, les mêmes avantages qu’un bon paillage (limitation de l’arrosage, maîtrise des adventices, protection du sol contre les aléas climatiques, amélioration de la structure et développement de la vie du sol).
Le compostage de surface est très favorable au développement de la vie, sur les planches de culture déjà installé.
Quels déchets de cuisines ?
On préfère les épluchures de légumes du type chou, carotte, poireau, salade, cosses de petit pois, haricot sec ou fève. On évite d’amener des déchets de type carnée et croute de fromages, d’où l’utilité de garder un lombricompost pour ces déchets et pour l’esthétique et accélérer la décomposition, il est mieux de recouvrir ces déchets par des feuilles mortes, copeaux et paille. Le maraicher doit s’en douter, mais il faut éviter de les déposer au début du printemps quand le sol est bien humide, pour éviter d’attirer un surplus de limaces.
Selon Denis Pépin, la décomposition de ces déchets à même la terre est idéal pour les bonnes bactéries outre les vers, collemboles et autre décomposeurs de 1ère catégorie. Par ailleurs, ces bactéries sont les principales responsables de la fertilité physique, biologique et chimique d’un sol.
Un bac à compost est complémentaire et peut servir pour les autres déchets de cuisine: reste de repas, plantes malades, litières d’animaux végétale voir fumier de poule, etc et tous déchets délicats qui demande un montée en températures. mélangé avec tous les autres déchets de verts du jardin.
Ci-dessous, un résumé de la répartition et utilisation des déchets, dans ce contexte :
Comment procéder ?
– Il faudra recouvrir ces déchets avec des feuilles, copeaux ou pailles, foins, etc. dans le but d’accélérer la décomposition et attirer les rongeurs.
– La couche doit rester si possible toujours humide pour qu’elle se décompose rapidement. En été, cette méthode est peut-être à privilégier pour la fraicheur de ces matières en complément d’une irrigation goutte à goutte, et d’oyas qui maintiennent en profondeur, un sol frais et humide.
Note : Autres conseils, avec David Latassa pour terre vivante
Faire son terreau
Faire son terreau, ce n’est pas faire du compost. Le but est d’avoir un substrat pour les semis, les rempotages et plus rapidement – 6mois au lieu de 9mois – Le compost sert surtout à l’amendement et quand il est plus mûre, il sera adapté à la plantation.
En jardinerie, il est compliqué de s’y retrouver avec toutes ces propositions en sacs de terreau. Les terreaux d’antan désignaient des composts de feuilles mélangés à du fumier au stade ultime du murissement, maintenant ce n’est plus le cas, ce sont juste des supports de cultures inertes et stériles qui sont essentiellement constitués d’écorces et de tourbes (problématique, parce le prélèvement se fait en milieu naturel). Par ailleurs, ces terreaux du commerce notés « enrichis » le sont à l’aide d’engrais chimique incorporé, par conséquent, ces terreaux ne constituent en rien un amendement pour améliorer une terre de jardin, comme il est noté, ce sont juste des supports pour les plantations et les semis.
Voici quelques méthode de terrain expérimentés et glanés de-ci de-là, selon le type de semis :
Comment le faire ?
– Mélange terre/compost : On mélange à égalité, la terre du jardin (pas trop lourde; si c’est le cas, il faut mélanger avec un peu de sable) avec du compost tamisé (quand il est tout juste mûr et pas trop jeune) sur une bâche, pour ensuite arroser sans faire de la boue et finir par stocker le mélange dans un composteur prévu à cet effet ou juste une grande poubelle (modèle poubelle américaine) munis d’un couvercle ou de recouvrir avec un reste de bâche étanche. Ce terreau assez riche sera plutôt destiné pour les semis et rempotages de plantes gourmandes.
– Décomposition de feuilles : On ramasse les feuilles pour les stocker dans un enclos maintenu par des piquets (image ci-contre), il doit être idéalement placé à l’ombre. On fait une lasagne en apportant à chaque couche 30cm de feuilles pour 3 cm de reste de compost bien mûre dans le but d’apporter des micro-organismes de type bactéries et champignons. Par la suite, il faudra arroser pour éviter que le tas s’assèche et le laisser 6 mois se décomposer tout en brassant régulièrement, sans déranger les couches. Idem pour le stockage, dans de grandes poubelles couvertes pour éviter le lessivage du terreau.
Ce terreau plus pauvre sera plutôt destiné pour les semis de petites graines lentes à germer, sensibles à la concurrence (il sera exempt de graines en dormition, car il y aura eu une décomposition constituée que de feuilles et de compost très mûre). Il faudra s’assurer en ramassant les feuilles de bien les secouer pour éviter de ramener des adventices surtout avec un râteau à feuilles qui a tendance à scarifier superficiellement le chaume d’un gazon et de ramener au passage, quelques graines d’adventices.
– En « sac accordéon » pour petits jardins – la méthode de Marie Miclo :
Il se réalise idéalement dans des sacs de types accordéon (grand sac en spirale d’une contenance de 160 L) qui auront l’avantage d’être poreux pour éviter le pourrissement des matières. On y disposera uniquement des déchets de jardin : feuilles, tontes, mulch, branches d’arbustes et de vivaces ligneuses broyés à mettre entre les couches pour aérer. On peut éventuellement rajouter des déchets verts constitués de prêles, orties et consoudes fraiches (ou arrosage avec des purins constitué de ces plantes, dilué à 20 % dans de l’eau ou avec de l’urine, dilué à 10 %) sur une couche de 2cm qui vont activer la décomposition (ce sont de très bons activateurs de compost, il n’a pas lieu d’utiliser ceux du commerce). Comme expliqué précédemment, on brasse à chaque ajout sans déranger les couches; dès que le sac est plein, on attend 5-6 mois avant utilisation et on veille à ce qu’il soit toujours humide et non détrempé. Pour le stockage, idem toujours dans de grandes poubelles munies d’un couvercle.
Ce terreau sera plus neutre et plus équilibré par rapport aux deux précédents et seront donc destinés à tous type de semis, boutures et repiquage.
Note : En plus
Pour pouvoir disposer de ce terreau à la bonne saison pour la mise en place des cultures (dès mi-mars avril, voir février en intérieur), il est idéal de le commencer dès le mois de septembre-octobre. Ces tas seront placés en exposition ombre, mi-ombre.
Pour en augmenter la fertilité: ces terreaux peuvent être arrosés avec des purins de plantes à base d’orties, consoudes et prêles et quand il sera mûr, quelques jours avant la mise en place, des semis en plaque ou en godet.
Autres méthodes, toujours avec Damien Dekarz :
Le compost sur un balcon ou dans un cuisine : le lombricompost (ou vermicompost)
Un lombricomposteur est facile à faire et surtout très fertile pour les balcons, mini-jardins, terrasse.
On privilégiera les déchets de cuisine verts et humides. La mise en place d’un lombricomposteur consiste à confier tout le travail de décomposition à des vers et pas n’importe lesquels. Ici, on n’évoque pas les vers de terres classiques du jardin. Les vers du jardin sont des lombrics (Lombricus vulgus) que l’on retrouver en pleine terre, les vers adaptés sont des petits vers rouges nommés « vers du fumier » (Eisenia foetida), qu’on peut trouver aussi dans le compost du jardin, ce sont les vers dit endogée. Ces vers mangent et remangent la matière jusqu’à 8 fois par leurs intestins. Leur déjection est en proie aux bactéries qui les transforment en aliment de culture d’où sortiront un lombricompost solide et un jus de compost liquide très fertilisant.
Fonctionnement d’un lombricomposteur
Les vers voyagent du bas vers le haut, au fur et mesure des apports de déchets tandis que l’eau s’écoule du haut vers les bas, jusqu’au dernier bac collecteur. Juste au-dessus, on trouve le bac de vie pour les vers (leur base) et d’autres bacs superposés ou l’on dépose les déchets frais. Les vers y montent à travers les trous, attirés par la nourriture “fraîche”, dès lors il suffit d’attendre que les vers aient complètement fini leur travail de transformation, pour récolter le compost.
Selon sa consommation en déchets verts, on peut installer jusqu’à 2 à 3 bacs au dessus, c’est ce que l’on nomme des « plateaux ». Trop de bacs ? Cela n’est pas un problème parce que les vers migrent de bas en haut et au fur et à mesure que la nourriture est digérée, ils abandonneront les bacs plus bas pour ceux plus hauts, ainsi les bacs plus bas seront pleins d’un lombricomposteur prêt pour la récolte.
La rotation des bacs et fonctionnement en continu
Il est plus simple de mettre en fonction une rotation, en installant plusieurs bacs (plateaux) pour faire fonctionner un système en continu, sans à avoir à recommencer l’installation depuis le début (valable pour les modèles de lombricompost, munie d’un seul plateau)
Démarrage d’un lombricomposteur
Pour débuter, on doit préparer la litière des vers : Au fond du 1er bac, on place son papier journal (1 feuille de papier journal) , ensuite le terreau (5L terreau), enfin des bouts de cartons trempés et essorés (1 plaque de carton de 50 cm2), on brasse et on répartis. La litière est maintenant prête pour accueillir les vers (comme une plante que l’on transplante, on installe les vers le plus rapidement possible dans le lombricompost) qui auront vite fait de disparaitre dans cette litière de carton/terreau. On démarre entre 250 g à 500 g de vers rouges ou du fumier (Eisenia foetida ou andrei, le dernier venant de Californie serait plus gourmand), qu’on puisse soit acheter en comptant 500 g pour 50 € ou récolter chez d’autres (à l’instar des graines de Kéfir, les vers aussi se donnent). Les vers peuvent absorber jusqu’à 1,5 kg de déchets par semaine, pour un poids de 500 g de vers.
La dernière étape sera l’alimentation de ceux-ci, en y ajoutant sur le bac du dessus (2e) l’équivalent d’un saladier d’épluchures fines (carotte, pommes, etc.), rapidement accessibles pour la 1ère alimentation et couvert d’une plaque de carton (1 plaque de carton de 50cm2). Le temps que les vers s’habituent à leur nouvel environnement, on ne fera pas d’apports supplémentaires en déchets de cuisine et ceux, sur une semaine.
En résumé, le fonctionnement se déroule comme suit : quand le 1er bac est rempli de terreau/cartons/journal et vers, on superpose le 2e avec 2-3cm de terreau et de déchets de cuisine; au début, on évite de verser ses déchets sans support, on prend le risque que les résidus se dessèchent ou pourrissent; par la suite, de par la déjection des vers, il n’y aura pas besoin de rajouter du terreau à chaque apport de déchets.
Au niveau de l’emplacement : L’endroit idéal est une cuisine pour contrôler régulièrement l’activité des vers dans le lombricomposteur. Les températures ne doivent pas être trop chaudes, entre 18 et 25 °C et ne dépassez pas 30 °C.
Quels déchets ?
Les plats préférés des vers sont les déchets de cuisines variés épluchures et restes de fruits, marc de café avec son filtre, sachets de thé décomposables et tous les déchets à base de cellulose : boite à œufs et cartons, sopalin et mouchoirs en papier, papier journal (encre naturelle), ces derniers régulent l’humidité et les vers ont autant besoin de manger des résidus de légumes que du papier ou carton, la cellulose est indispensable à leur équilibre alimentaire.
– Autres déchets possible: les cendres de cheminées, mais en très petite quantité, les restes de déchets d’un aquarium, feuilles mortes en petite quantité, les fruits abimés et reste de conserve (origine non animale), le contenu d’un sac d’aspirateurs (sans poussières toxiques), sciures de bois (décompacté et surtout non toxique et sans colle, on évite les bois agglomérés), les restes de repas et déchets de cuisine cuits, mais bien mélangés et enfin, il est possible de mettre des tailles de plantes d’intérieur en petites quantités et bien hachées.
– En complément pour plus de précisions, voici un tableau récapitulatif.
Entretien du lombricompost
– on ne suralimente pas les vers;
– on coupe les déchets finement;
– s’il est installé sur une terrasse ou un balcon, on évite l’exposition directe du soleil et en hiver, on est vigilant à que les vers se réfugient au centre pour éviter de geler;
– les indices d’une bonne décomposition sont la présence de déjections sur les parois. C’est un signe qui indique que les vers ont alors conquis tout le territoire et sont à leur aise;
– on maintient un bon taux d’humidité sans excès, s’il y a trop de liquide on complémente avec des petits morceaux de cartons, journaux, boites d’œufs, etc. pour assécher.
Récolte et utilisation du lombricompost
Le lombricompost (ou vermicompost) est mûr pour être récolté et utilisé, selon ces critères : une couleur noire, une bonne odeur et une texture de type « mousse au chocolat ». En revanche, s’il reste un certain nombre de matières non décomposées, il faut encore patienter. Il faut cependant récolter son lombricompost régulièrement, les plantes et les vers apprécieront et ces derniers n’aiment pas rester dans un lombricompost de plus de 4mois.
La méthode pour récolter un lombricompost sur plusieurs bacs (plateaux) demande une petite méthode qui demande dextérité: on positionne le bac inférieur sur les bacs contenant des matières et on gratte délicatement pour faire descendre les vers dans ce bac de matière, il faut répéter l’opération jusqu’à ce que les vers descendent. Après coup, le lombricompost est disponible vidé des derniers occupants, le système continue alors de tourner et permet d’assurer une bonne rotation (comme décrit précédemment).
En somme, un lombricompost a les mêmes priorités qu’un compost classique, c’est-à-dire un amendement pour le sol et un fertilisant pour les plantes. À la petite différence que le lombricompost a cette particularité d’être plus efficace : sur la croissance des plantes et leurs résistances aux maladies, certes, il produit de la matière en petite quantité, mais cette matière est exceptionnellement riche.
Le lombricompost à plusieurs formes :
- La forme solide :
En renouvelant les jardinières, en rempotage ou surfaçage (pour renouveler/régénérer la terre) particulièrement utile pour les plantes d’intérieur âgé et mal aux points. Par exemple, on va étaler une couche de 2 cm de lombricompost sur la toute la surface du pot en mélangeant avec la terre de surface et éviter dès lors, que se forme une croute.
- La forme liquide :
Ce jus est complémentaire à la forme solide, il s’utilise en arrosage. C’est un jus fertilisé coup de fouet qui remplacera tous ces engrais liquides ultras azotés et assurera en même temps, une bonne santé aux plantes sans déséquilibre (un excès d’azote peut déséquilibrer une plante et la rendre moins résistante aux maladies). Il se récupère dans le dernier bac et se prépare en infusion froide en immergeant une poignée de lombricompost dans l’eau, pour ensuite remuer et obtenir ainsi un liquide homogène et foncé. Il faut le diluer avant de l’utiliser, on compte une dose de 15cl, ce qui représente un verre (un bol est équivalent à 35cl) de jus dans une bouteille de 1L d’eau.
Pour quelles plantes ?
- Les plantes demandant des apports importants en rempotage, surfaçage et arrosage en jus :
– Les agrumes en serre, avant la sortie estivale;
– les arbustives en serre : bougainvilliers, laurier rose, etc.
– Les aromatiques et condimentais, plutôt gourmandes : mélisse, persil, etc.
– Les plantes vertes d’intérieur : fougère, ficus, chlorophylle, tradescantia.
– Les potées fleuries annuelles
- Les plantes moins sensibles qui demandent peu d’apports, en rempotage, surfaçage et arrosage en jus :
– Les aromatiques de terre sèche et rocailleuse : thym, romarin, origan
– Les bonsaïs,
– Les cactées,
– Les plantes grasses (crassula, euphorbe, etc.),
– Les orchidées en période de végétation et floraison.
Les différents types de lombricomposteurs
- Commerce :
– Les modèles d’Eco-worms : « Can-o-worms » à 3 plateaux;
– La « fabrique à vers »;
– Les modèles issus de l’économie sociale et solidaire : les « EuroLombrics » 3 plateaux et « LombriEthic »;
– Budget : Entre 70 et 150€ pour l’achat, plus le prix de vers (50€).
- Récupération :
– Caissette poissonniers
Très simple à mettre en place, cette méthode consiste à empiler des boites récupérées en polystyrène, qu’on trouve chez le poissonnier (bacs à crevettes notamment), restaurateur, etc. On peut partir sur 3 à 4 boites, en respectant une profondeur de minimum de 10 cm de profondeur (afin que les matières ne sèchent pas).
Ensuite, on percera 50 trous (environ) de 1 cm de diamètre au fond des boites. Il est mieux si le dernier bac est en plastique pour accueillir le thé à compost.
Ces bacs supportant bien l’humidité, il est mieux de les peindre pour éviter de laisser passer la lumière (ce matériau peut se fissurer suite à une exposition continue au soleil) et pour bien garder les vers à l’ombre ou disposer des toiles/bâches à l’intérieur. Enfin, le dernier bac peut juste être couvert d’un tissu ou d’un carton épais sans nécessairement mettre un couvercle.
– Caisses plastiques
Il existe un grand nombre de modèles, parmi celles-ci ont trouve des caisses de rangement ou des caisses conçus pour le bricolage ou aussi des sceaux à usage alimentaire.
Idem, les caisses doivent s’empiler et on percera des trous espacés de 2 cm, avec un foret de 6 mm (1cm diamètre). Je préconise de garder les couvercles de chaque caisse pour les disposer en dessous au moment de l’empilement, ce qui permet de mieux attraper les boites au moment de la récolte. Détail, ici avec Adrien dans son atelier si vous achetez des boites.
Des seaux alimentaires font aussi l’affaire, comme détaillé ici par le collectif du 4emesinge.
– Je n’ai qu’une caisse ?
Une caisse suffit pour faire fonctionner un lombricompost, mais cela se fera horizontalement, en apportant les déchets progressivement de droite à gauche (ou inverse). Il y aura une séparation au centre muni de petits trous (1cm diamètre) pour le passage des vers et toujours munis d’un couvercle pour maintenir l’humidité.
Note : En plus
– Pour le bac collecteur « jus de compost » du fond, il est mieux d‘installer un système anti-noyade pour les vers. Dans ce dernier bac, on ne coupera que les 3 partie du couvercle (on garde les couvercles entre les bacs), pour former un tobogan,dans le but que les vers puissent remonter. Détail, ici avec Adrien dans son atelier si vous achetez des boites.
– Pour mieux prélever le jus de compost, au delà du choix de la pièce, Il est mieux avant de l’installer, de trouver un endroit pour le surélever afin de pouvoir glisser un arrosoir ou un sceau, sous le robinet.
– Ne pas hésiter à tester plusieurs modèles selon son temps et son retour d’expérience. Comme dit notre Léonard : « L’expérience ne trompe jamais; seuls vos jugements errent, qui se promettent des résultats étrangers à notre expérimentation personnelle. » Léonard de Vinci
Les méthodes de compostage sur balcon ou très petit jardin (patio) de Hervé Chabert
Le compostage de surface pour pots et bacs
Dans les pots, on peut aussi imiter la nature en y gardant constamment le substrat couvert et en y déposant régulièrement, des tailles et résidus de plantes du balcon qui seront coupés en petits morceaux. Cette couverture permet de protéger du froid, de limiter l’évaporation l’été et de favoriser la transformation des déchets en nutriments dans un but de recréer un écosystème.
Les pots étant limités en profondeur, on se contentera de recouvrir superficiellement sur 3-5cm d’épaisseur.
Le lombricompostage de surface, pour pots et bacs
Idem, on pratique la même opération en plaçant du lombricompost, et en y ajoutant directement des vers, des déchets de cuisine et on couvre avec d’autres résidus de type paille, feuilles, déchets herbacés secs, etc. pour protéger les vers et garder les déchets humides dans le but de poursuivre le lombricompostage et que la plante soit nourrie en continu.
Son « thé de compost »
Sous les tables de cultures, on centralise le trop plein d’eau à un réservoir qui est relié à un sceau à l’aide d’un siphon et permet la mise en place, d’un petit arrosoir.
Dans ce sceau, l’eau sera au préalable oxygénée grâce au des bulleurs d’aquarium pour évacuer le chlore et favoriser la vie microbienne (comme pour les graines de kéfir) on mélangera une poignée de lombricompost frais sans les vers et une à deux cuillères à soupe de Melasse qui activera les bactéries aérobies présentent dans le lombricompost, on laisse opérer ce mélange pendant 24h. Un thé très fertile sera prêt pour l’arrosage.
Son « compostage de feuilles »
Dans le domaine de la « recup », on pourra récupérer des sacs de chantiers recyclés pour y déposer des feuilles idéalement déchiquetées (petit broyeur électrique) ce qui accélérera la décomposition et fera un compost essentiellement de feuilles composés de carbone, cela n’est pas grave et donne quand même un humus fertile. On commence au mois d’octobre, pour l’avoir de disponible au mois d’avril au moment de toutes cultures, en premier lieu on pourra mélanger ce compost avec le substrat restant des pots déjà sur place; si l’on dispose de vers eisenia du lombricomposteur on peut en rajouter pour accélérer la décomposition.
Avec ses mêmes sacs, on peut faire du lombricompostage : en y ajoutant les vers et les déchets de cuisine mélangés aux déchets secs (finement broyé si possible) le prélèvement du lombricompost se fera quand les déchets de cuisines ne seront plus plus apparents. Il peut-être intéressant de tourner avec plusieurs sacs.
Ce procédé se fait aussi dans des pots en terres cuites en y disposant des épluchures fraiches de cuisine et avec d’autres plus secs et en couvrant ce pot avec une assiette. Cela ne va pas donner d’énorme quantité. Toutefois, ces composts de fortunes servent à améliorer des terreaux en sacs peu fertiles.
Bien d’autres méthodes
Lombrijardinière – le 2 en 1
C’est nouvelle génération de bacs/compost adapté au balcon. Pour ce faire, Il suffit de placer un support en forme de cône percé de trous à l’intérieur d’un bac ou l’on déposera des déchets verts organiques. C’est de là que les lombrics pourront migrer à leur convenance entre cette partie riche en matière organique à l’autre partie, où se trouvera les plantes. Il est intéressant d’installer un robinet à la base de ce dispositif pour éviter toute stagnation d’eau et pour récupérer ce fameux « thé ».
Loïc Vauclin propose aussi un modèle de lombricomposteur connecté à une jardinière.
Le Bokashi
D’origine japonaise, le composteur de cuisine Bokashi (qui veut dire déchets organiques bien fermentés) permet de faire soi-même rapidement et facilement son jus fertilisant et son compost, sans passer par les vers, mais par des bactéries anaérobies (vivant sans oxygène, dit aussi EM (Efficient Micro-organism), ces micro-organismes accélèrent le processus de décomposition des déchets en provoquant leur déshydratation. Pour certains puristes on perdrait moins d’éléments fertilisants par fermentation que par la méthode aérobie, cela s’explique en raison qu’il n’y a pas de transformation du carbone (C) en dioxyde de carbone (CO2).
On placera ce sceau toujours dans la cuisine et entre chaque couche de déchets, on y déposera une poudre qui va créer une fermentation, éventuellement du sucre ou de la mélasse au début pour les activer (comme pour la réalisation d’un kéfir).
Les déchets compostable :
- Fruits et Légumes
- Peau agrumes et banane
- Reste de vos aliments préparés
- Viandes, Poissons – cuits et crus
- Fromage, Yaourt, Œufs
- Pain
- Marc de Café, Thé
- Fleurs fanées
Non compostable
- Fluides : Jus, sauces, lait, huile, eau
- Os
- Excrément
Qu’est-ce qui l’en sort ? Pour quelle utilisation ?
À la différence du lombricompost, le compost obtenu est nommé « digestat », visuellement les déchets n’ont pas changé, mais la transformation a eu lieu.
On peut le prélever en forme solide et le disposer au potager, mais il sera surtout un support pour enrichir un compost et non directement la terre, en raison de son acidité.
La forme liquide en plus de fertiliser – tel un lombricompost – serait plus utile pour lutter contre les maladies cryptogamiques des plantes (cloque du pêcher, mildiou) en complément du bicarbonate de soude en pulvérisation. Par ailleurs, le jus de bokashi à une action étonnante sur les canalisations pour déboucher, grâce à des activateurs biologiques présents dans le jus, que l’on trouve dans les fosses septiques (les EM se nourrissent des matières organiques). En pratique, on le dilue à 1/100e à l’entrée de l’hiver, en arrosage.
Vous trouverez des modèles ici, mais tout récipient fermé de manière étanche fera l’affaire
Plus d’information, chez EM France.
Pour aller plus loin
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Livres, documents, sites@ info :
– Lombricompost facile de Lydia Brucksch & Jasper Rimpau, édition terre vivante
– Compost et paillis -Pour un jardin sain et productif de Denis Pépin, aux éditions Terre Vivante (256 pages) ;
– Tout sur le compost de Lili Michaud, aux éditions MultiMondes (212 pages) ;
– Guide méthodologique du compostage partagé (ou semi-collectif) de l’ADEME (87 pages) ;
– Utiliser ses déchets verts et de cuisine au jardin de l’ADEME (32 pages) ;
– Témoignage d’un pionnier dans la mise en place de composteurs collectifs: Jean-Jacques Fasquel est un maitre composteur et formateur, son travail.
– Podcast sur le sujet, avec toujours J-J Fasquel et Alexandre Guilluy, fondateur des alchimistes composteurs : https://soundcloud.com/bonsplants/le-compost-cest-pas-difficile
– Site@ de référence : http://lecompost.info/
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Les fournisseurs en lombricompost reconnus (lombricomposteurs, vers de compost et autres accessoires) :
– Eco-Worms,
– Vers la terre, il propose des « lombrijardinières » de type tables de culture où est intégré un lombricomposteur.
– Jardin animés vente de « lombribox »,
– La Boîte à terre, vente de lombricomposteurs en bois,
– Vers-land localisé en Bretagne,
– Terre native près de Lyon,
– Ferme lombricole bioware, localisé en Provence.