Trognes et arbres comestibles pour salades

 

Nos bonnes vielles trognes : une solution locale et autosuffisante, face aux enjeux climatiques


La trogne a une très longue histoire avec l’homme, son histoire remonterait à 3400ans.

D’ailleurs, il fut nommé « l’arbre des paysans » et fut très populaire jusqu’à la fin du XIXe et totalement oublié par la suite. En effet, elle serait à l’origine de l’agroforesterie par le fait de boisement, tailler en hauteur pour équilibrer la production de bois et la présence de pâturage. C’est une « solution locale » pour mieux vivre la transition climatique par la production d’énergies, de biomasses, d’alimentation pour les troupeaux, des solutions en phytoépurations et le maintien des sols.

À l’époque, ces « arbres aux mille fagots » étaient l’unité énergétique, le « pétrole de l’humanité d’autrefois », dont le but était d’avoir du bois à portée de main sans avoir recours à l’abattage de grands arbres ; on pouvait en faire du charbon pour les fours à pains, à briques, à poterie ; pour faire des tonneaux et du bois d’œuvre pour la marine par le très calorifique bois de hêtre, des perches et des piquets par les résistants châtaigner et l’acacia ; des clôtures vivantes en bouturages et de la vannerie pour faire des paniers, par le très souple osier ; des tressages pour haies et des nattes pour tapis par les fibres d’un jeune tilleul ; des pressages par les jeunes pousses d’une cépée d’un noisetier ; donner du fourrage à son bétail quand les phénomènes de sècheresses sont plus récurant et produire de la litière pour les animaux plus économiques que la paille, par le frêne.

 


*Note: Le tressage et le plessage

On peut utiliser par exemple le tressage en brins d’osier vivant (cela consiste à bouturer ces brins directement sur place pour créer une barrière vivante, très appropriée dans les zones humides). Un tressage peut aussi se faire avec du bois mort souple et encore fraichement coupé au moment de la pose, comme le noisetier, le châtaigner ou le saule; mais aussi moins connue l’aubépine et le troène

 

Le plessage consiste à entailler la base des arbustes de la haie pour les plier et les entrelacer sur des piquets. La haie devient ainsi une clôture vivante très efficace. Elle donne tout de suite un charme rustique  au jardin, permettant de le fermer de façon assez hermétique, tout en étant décorative.


 

La fleur sur le gâteau dans le domaine « biodiversité », dans la mesure ou une trogne va générer un grand nombre de cavités, ont dit qu’elle saignera dans son duramen (à l’intérieur du tronc) où on y trouvera du terreau très riche de couleur rouge sombre et des refuges accueillants des oiseaux cavernicoles n’aimant pas nicher trop haut dans les cimes : comme les pic-pèche des marais ou plus communs à l’image des mésanges, des fauvettes et des chouettes hulottes.
Les trognes sont isolées, alignés ou cachés dans des haies bocages, où on pourrait trouvé des cynorhodons (fruits de l’églantier sauvage, quelques fruits couvre un besoin de vitamine C journalière fruitière, utile par les temps qui court) et des prunelliers, ces arbrisseaux si communs dont les fruits bleuâtres se consomment au tout début du printemps (on recrache le noyau pouvant entrainer intoxication) et enfin, intégré au pied des grands arbres. Par ailleurs, les trognes sont maitres de l’adaptation et ont une grande capacité de repartir de leurs troncs après le passage d’une tempête ou d’un herbivore, l’arbre va donc se « trogner » et l’homme qui arrivera après, le « recèpera ».
Cette approche décriée trop interventionniste pour certains n’abrègerait pas la vie de l’arbre, mais au contraire, allongerait sa durée de vie par rapport à son cousin laissé en forme libre.
Vous n’avez peut-être pas fait attention dans vos jardins, prairies et forêts à la présence de trognes. La trogne redonne moyens et savoir-faire local quant à nos soucis « d’économie hors-sol et délocalisé » en train d’imploser et de redonner des moyens à notre agriculture mourant des coups de boutoir du libre-échange mondialisé.

 

Conduite en trogne de Dominique Mansion

Conduite en trogne de Dominique Mansion


Les feuilles comestibles des arbres et arbrisseaux – un fourrage aussi pour l’homme

 

Il y a un grand nombre de feuilles comestibles sur nos arbres feuillus, particulièrement au début de printemps.

Le tilleul est dans ce domaine l’arbre à salade par excellence, il est très généreux ces feuilles sont riches en protéines et sont d’une saveur très douce, c’est surtout entre mars et avril qu’elle se consomme, mais à la différence des autres, par sa haute teneur en mucilage et faible en fibre, on peut le consommer les feuilles en été sans trop d’astringence et de dureté. On peut à l’instar de la tisane de fleurs( (les boutons floraux pour faire des câpres), préparé des tisanes à base de feuilles séchées qui contiennent les fameux flavonoïdes et tanins qui dans les temps viraux qui court sont utiles contre les rhumes et grippes, donc ces feuilles sont de précieux alliés aux fleurs de sureaux séchés.

 

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© Geoffroy Saillard, Versailles

Au niveau des arbres, après le tilleul, j’ai une préférence pour le bouleau et ces jeunes feuilles riches en protéines qui ont un gout relativement neutre, certain les manges aussi séché; un bouleau est un arbre-pionnier qui ne va pas très haut et dans certaines forets au sol sableux et léger, les vastes futaies de bouleau rendent les feuilles facilement accessibles.
Par ailleurs, un grand nombre de feuilles d’arbres sont comestibles, il y a le hêtre commun qui on un gout assez acidulé et apparaissent entre fin mars et avril, les érables, les feuilles de saules (a consommé avec modération du fait de la forte présence d’acide salicylique) et le charme qui sont un peu moins bonne avec un gout qui très astringent.

Chez les conifères, les toutes jeunes aiguilles d’épicéa se mangent cru et sont riches en vitamines C

Dans les lianes : la ronce aime aussi les sols légers de certaines forêts, elle pousse jamais trop loin des bouleaux; les jeunes feuilles peuvent être mangé toute l’année, cette liane arbustive faite régulièrement des jeunes pousses et ceux, jusqu’à l’année suivante.
Il ne faudra pas oublier l’incontournable noisetier, à l’instar de la noisette arrivant en septembre-octobre, on peut se consoler avec les jeunes feuilles qui ont un gout assez prononcé, un peu âpre et se consomment de préférence avec d’autres feuilles de salade

 

 


 Pour aller plus loin :

 

Événement: En 2020, année des trognes. Plusieurs événements sont prévus, à partir de mai (covid-19) (cliquer sur bannière)

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Livre : Dominique Mansion, Les Trognes, L’arbre paysan aux mille usages, Éditions Ouest-France, 2010

Méthode de terrain pour créer des trognes, avec Damien Dekarz :

 

– Livre : Isabelle Delannoy, l’Économie Symbiotique, Actes Sud, 2017. Ce livre n’est pas un manuel technique, mais s’inspirant de la nature, il propose des pistes pour retrouver une économie non plus prédatrice, mais régénératrice, qui ne détruise pas les écosystèmes, mais construise en harmonie avec eux. La trogne en un exemple, d’un élément remplissant plusieurs fonctions dans le paysage, qui régénère en donnant de la matière pour une économie locale.

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