« Tailler pour tailler et élaguer pour élaguer », penser cette pratique comme cela, amène forcement à créer des mutilations sur une plante, en particulier sur le maître de la canopée : l’arbre. Dans la première partie, nous évoquions le fait que l’arbre n’est pas simplement un bout de bois qui ne sert à rien, un objet réduit à de mesquins calculs d’apparence pour combler des espaces urbains. Notre regard sur l’arbre en ville doit encore évoluer, malgré les différents éveils de conscience, afin de mieux comprendre sa croissance et son entretien dans le but d’éviter un abattage précoce.

Taille douce en élagage, privilégier au maximum la scie que la tronçonneuse
Des tailles douces: pour une belle arborescence et un respect des essence. Privilégier au maximum la scie que la tronçonneuse

Les tailles dites « portementeaux » sont encore réputées en particulier durant la période hivernal. Cela touche le platane du bord de route au bel érable argenté du jardin privé. Vu uniquement sous le regard humain, on pense que ces tailles sont bonnes ; qu’elles vont régénérer l’arbre, éviter de heurter divers câbles en hauteur ou encore,  dégager la perspective. En effet, et trop souvent, dans certains jardins ou parcs de résidences, on peut observer des arbres plantés sans anticipation, sans penser la hauteur finale.

 L’arbre n’est pas qu’un bout de bois

 

Dans certaines villes, les municipalités commencent à changer de cap et à regarder ce patrimoine arboré avec plus de discernement. On élague non pour maitriser mais pour mieux accompagner, soigner, entretenir ; et si besoin, contraindre le développement sans fragiliser et abîmer ; de manière à ce que l’homme comprenne l’arbre et le milieu urbain, ainsi que ses professionnels (élagueurs/ jardiniers/ paysagistes) qui sont à leur service, comme deux entités en communion.

L’exemple d’une taille « porte-manteaux » effectué l’année dernière et la conséquence des rejets, qui seront plus dangereux à long terme

D’autre part, les élagages trop drastiques ne sont plus à l’ordre du jour. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, moins on touche un arbre, mieux il se porte. Stop au mythe urbain : « plus on coupe, plus on fortifie ». En effet, quand un arbre subit des élagages trop nombreux, il révèle à la base de son tronc (exemple le platane) des excroissances, qui sont souvent le signe de nécroses internes. L’arbre trop fragilisé peut devenir un risque et doit être abattu. Cela est logique : plus on taille de grosses portions, plus les plaies mettront du temps à cicatriser ; c’est-à-dire, à être recouvertes par l’écorce protectrice, ce qui sera, entre-temps, une porte d’entrée pour les champignons pathogènes qui courront le long de la branche nécrosée jusqu’au pied de l’arbre.

 Un arbre très peu taillé est plus solide qu’un autre qui a été mutilé

 

De plus, sur des moignons de gros diamètre, pousse une multitude de jeunes branches que l’on nomme « rejets » ; c’est une réaction de stress. Par la suite, ces rejets plus âgés restent mal ancrés et insuffisamment reliés au système racinaire, car ce que l’on coupe en surface a une répercussion sur les racines. Je remarque sur le terrain, qu’une grande majorité des élagueurs ne sont pas formés à la « taille douce », mais plutôt à la taille « ca fait propre, tout le monde est content, sauf l’arbre » comme l’évoque souvent Francis hallé quand celui-ci échange avec des élagueurs de sa ville, qui lui répondent sans trop de précisions : « on a taillé parce qu’on a toujours taillé ».

Si vous devez tailler des grosses sections sur vos arbres et arbustes,et en prévention des champignons pathogènes: il est intéressant en produit naturel d’appliquer une dilution d’argile voir en complément, de melanger un peu de bouillie bordelaise. Voici la dose : 20g/l pour l’argile et 7g/l pour la bouillie.

 

Quoi qu’il arrive, pour éviter ces grosses tailles au maximum, la taille de formation dite « de structure », sera importante dès les premières années (0-5ans). La taille douce ou élagage raisonné sont préconisés tous les 5ans, sans coupes de grosse section. Dès lors, pour la saison d’intervention, on privilégie les « tailles verte » en fin d’été/début d’automne pour les conifères et les feuillus. Enfin, pour soigner les arbres ayant subi des élagages trop drastiques et dont les grosses branches issues de ces rejets sont devenues  menaçantes, la méthode de l’haubanage est intéressante alors pour les soutenir et éviter leur chutes afin que le tronc ne se déchire. L’option élagage drastique pour résoudre ce problème, n’enfoncera le clou que plus profondément ; ce sera alors tout l’arbre qui deviendra menaçant.

En dernier lieu, je finirai par évoquer l’aspect des pratiques parasitologiques . Depuis quelques années, certains parasites sont réputés et il est important de les connaitre. Nous pouvons citer la chenille processionnaire et le tigre du platane. La majorité de ces parasites sont arrivés au nord de la France par le dérèglement climatique. En effet, nous constatons aujourd’hui un climat plus « tropical », des périodes de pluies et de sécheresses plus longues, des hivers moins froids, des redoux excessifs sans oublier notre ami le moustique qui nous pique même au mois de décembre ! Pour traiter ces parasites, on oublie d’emblée les produits phytosanitaires et on agit avec des procédés naturels plus préventifs. Pour les chenilles, on placera des écopièges (collerettes en plexiglas) accrochés autour des troncs et on favorisera les auxiliaires biologiques ; le meilleur prédateur étant la mésange charbonnière.

 

La chrysope dit la demoiselle aux yeux d'or est un prédateur naturels du tigre du platane. Une gestion en « zéro pesticide » favorisera leur présence.
La chrysope dit la demoiselle aux yeux d’or est un prédateur naturels du tigre
du platane. Une gestion en « zéro pesticide » favorisera leur présence.

Face au tigre du platane (petit papillon blanc de 3-4mm), qui prolifère dans les arbres d’alignements en ville en décolorant les feuilles qui se dessèchent et chutent de manière précoce, on optera pour la biodiversité dans le choix d’essences diversifiées. En effet, la monoculture, même dans ce domaine, pose ses limites et pour les auxiliaires, la chrysope est une alliée de premier plan qu’on peut introduire dans les arbres au moyen de tubes recouverts d’œufs.

 

 

 

 

Comme souvent, il est important de connaitre pour prévoir, de comprendre l’arbre en tant qu’être vivant rendant des services écosystémiques; en particulier face aux crues des rivières et fleuves dans les villes, qui sont et seront encore plus fortement exposées à l’avenir.


  • Pour aller plus loin


⇒ Avant toute intervention sur vos arbres, il faut privilégier les personnes compétentes que sont les « arboristes grimpeurs ». Il sont les compétences pour monter en corde et ils ont de véritables connaissance de l’arbre, voici quelques entreprises du type : arboristes-sequoia, le sens de l’arbre, l’or vert et éclaircie

⇒ La taille des arbres libres d’Alain Pontoppidan

⇒ la taille de transparence de Dominique Cousin

⇒ l’arbre au-delà des idées reçues de Christophe Drénou

⇒ Chaque conseil départemental à un référencement de son patrimoine arboré, regarder proche de chez vous ; par exemple pour le 92.

 

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