Le sol vivant et la terre du jardin

Estimer sa terre, c'est comme estimer son corps. Disposer sa terre, c'est disposer son cœur et son âme. Devant notre corps, nous l'estimons avec ces richesses et ses manques, ce qui le fortifie et ce qui l'affaiblit, essayer de l’harmoniser progressivement. On prépare sa terre, comme son cœur.

Le paysan devant sa terre, regarde les qualités et les manques dans son sol.


Mon corps est un jardin, ma volonté est son jardinier (W. Shakespeare)


La terre est un aspect du jardin souvent négligé. On pense parfois tout résoudre par la taille ou les traitements phytosanitaires. C'est oublier qu’un travail du sol fait au bon moment et avec les bons instruments peut améliorer considérablement le jardin, la croissance du végétal et sa résistance aux maladies.

Le sol vivant: le cycle complet

Le sol vivant: le cycle complet

Le sol est une structure vivante et d'échange entre la transformation de la roche mère et de la matière organique qui est disposée en surface. Le sol est le pivot du système végétal.

La fertilité physique est déterminée par la porosité (échange gazeux ente le sol et l'eau de l'atmosphère), par sa structure (la colonisation des racines et de la faune du sol), par sa résistance à la déstructuration de l'eau; ainsi la texture est le résultat de la composition granulométrique entre les sables, le limon et l'argile.
Chaque élément doit trouver un équilibre dans une proportion de 30%.
C'est pour cela qu'on déconseille de labourer un sol ou de le bêcher (en retournant), du fait qu'il peut se former une croute de battance qui ne laisserai pas passer l’oxygène.

En deuxième lieu, quand il y a un échange (une altération) entre la roche mère et la matière organique, le sol libère alors des éléments majeurs qui sont le Ca: carbone, le N: Azote, le P: Potassium, le K: phosphore et le Mg: magnésium, etc. orchestré par le CAH : le complexe argilohumique qui régule la mise en réserve ou la libération des éléments majeurs précédemment cités.

En troisième lieu, la fertilité biologique. Le sol est un milieu vivant.
L’activité biologique a souvent été mis de coté dans les études des sols en agricultures dans les années 70-80-90 (se rapporter aux études de Claude et Lydia Bourguignon). Cette activité est très importante et abrite partiellement ou complètement, de nombreuses espèces animales et végétales.

90% de la vie souterraine se trouve dans les 10 premiers centimètres du sol.

Guide du nouveau jardinage de Dominique Soltener

Guide du nouveau jardinage de Dominique Soltener

On peut compter dans un sol avec une riche activité biologique, entre 50 et 400 vers de terres au m2. Dans les dernières études sur la question, ils déplaceraient 36 tonnes de terres au par hectares sur une année.
Il y a d'autres bêtes dans un sol, comme la collembole qui disséminent et régulent la microfaune (bactérie et champion) et la circulation des éléments qui sont les nutriments cités : N, P, K, etc.
On compte jusqu'à 20 000 à 400 000 collemboles sur 1m2 de terre,
Il y a bien d'autres organismes que sont les protozoaires, les acariens, les myriapodes, etc. Dans la
microflore: bactéries et champignons. Les champignons représentent 59% de la biomasse sur
terre. Un filament de champignon peut courir sur des milliers de kilomètres.

Il est inutile de vouloir changer la "texture" d'un sol, du fait qu'elle change au cours  de son évolution sur des millions d'années.

C'est différent au niveau de l’échelle d'une vie humaine, ainsi, je conseille de tirer parti des avantages et des inconvénients des textures. Il faudra alors connaitre la texture dans ces trois grandes familles : Sable, Limon et Argile et selon ces familles avec ces + et ses -. On vient entretenir cette structure, pour qu'elle deviennent "grumeleuse" signe d'apports réguliers en matière organiques pendant de nombreuses années (mulch, résidus verts, fumiers et composts).

Protection_Surface-du-Sol_Centre-Terre-Vivante

Centre: Terre Vivante, Magazine : les 4 saisons du jardin bio

 

Redonner de l'Humus au sol

L'humus c'est l'ensemble des matières organiques du sol, particules très fines, invisibles (morceaux de bois, feuilles, ou animale, excrément, cadavres insectes, etc.). La feuille qui arrive au sol est la première à coloniser, c'est l'étape primordiale dans le cycle de la matière : formation de l'humus.

L'humus dans un sol argileux, allège et permet un réchauffement plus rapide à l’arrivée du premier printemps.

L'humus dans un sol sableux, retient l'eau et les éléments nutritifs.

L'humus dans un sol limoneux à moyen permet de limiter le lessivement des particules d'argiles qui rassemble autour d'elle les éléments organiques humifiée, donc création du complexe argilo-humique (garder un PH stable) qui protège et ralentit les agressions extérieures du sol : eau, dessèchement, compactage. L'humus libère de l'azote dans le sol en se minéralisant et il facilite aussi les échanges de beaucoup de nutriments en particulier avec le fer qui est souvent absent en  et crée la chlorose des plantes (feuilles jaunes sur les nervures).

Une nouveau projet de directive européenne sur les sols a été mis en place pour limiter la baisse des teneurs en matières organiques des sols cultivés, ce n'est point surprenant. Du fait que tout au long du XXe siècle et surtout à partir des années 50, un nombre important de terre agricoles qui après abandon de l’élevage, n'ont plus été amendées régulièrement (fumier et lisier par exemple).

Au jardin à la différence de la forêt, les feuilles d'arbres de celui-ci ne suffisent pas à entretenir le stock d'humus, ainsi il est bien d'enfouir des résidus des troncs d’arbres tout en amenant du compost et du fumier qu'on laissera à la surface pour faire complément aux feuilles tombés.

Nourrir la terre permet de développer des végétaux de qualité

Il faut distinguer les amendements et les engrais. De notre côté, nous accordons une plus grande importance aux amendements, car ils agissent sur la qualité du sol (texture et chimie). Les engrais, de leur côté, servent à corriger des carences minérales importantes, ou à compléter une fertilisation à base de compost destinée spécifiquement à la plante. Par conséquent, dans l'ordre on amende pour revoir les propriétés physiques et chimiques du sol et par la suite, on fertilise avec les engrais et pas l'inverse. Cet ordre est important, parce que les engrais ne sont pas directement assimilables par les plantes. Comme avec le paillage, qui maintient les micro-organismes dans le sol, qui permettent que les éléments nutritifs (amendement et engrais) soit minéralisés par leur travail ! Rien que ça. Pour résumer, 1er temps: donner de l'humus au sol, 2ème temps: stimuler les racines et 3ème temps: fertiliser et apports d’éléments nutritifs avec des engrais naturels.

Arbo-avril-09-038

© Geoffroy Saillard Arboretum de la vallée aux loups

Les amendements que nous employons sont le compost, le fumier, les engrais verts, l'argile, la chaux et la cendre.

On amende alors, en grande quantité profitable au sol et les engrais sont apportés avec parcimonie.

Différents types d'engrais

Avant de rentrer dans les descriptions, il faut retenir qu'un compost "fait maison" a tous les attributs pour compenser les prélèvements, car il contient tous les éléments dont les plantes ont besoin en éléments minéraux. Les types d'apports cités, ci-dessous ne sont juste là pour augmenter certains éléments, qu'ils soient plus riches en azote et phosphore et d'autres, riches en potassium et en calcium. En effet, c'est engrais organique sont à utiliser en complément du compost, du paillis et des engrais verts. Ces produits organiques surtout les plus concentrés peuvent au final, déséquilibrer un sol. Par exemple, trop de cendre donnera un excès de potasse et pourra entrainer un phénomène de tassement, trop d'engrais à base de fiente de volailles donnera un excès d'azote et rendra en conséquence, les plantes plus sensibles aux ravageurs et aux maladies. C'est simple, on peut faire un rapprochement avec la nutrition: les excès de certains aliments, riches en suces rapides et lipides sont responsable de maladies graves comme le diabete, l’obésité et l’hypertension.

- Les engrais d'origine organique : purins de végétaux, algues liquides en particulier l'algue brune pour les sols sablonneux souvent moins riche en oligo-élément que les sols argileux ou comme activateur de compost. Il y aussi des engrais d'origine animale : guanos, farine de plumes, arêtes de poisson...Attention, au contact avec les racines pour les derniers, il peuvent les bruler.

- Les engrais d'origine minérale : riche en oligo-élément avec le basalte qui est riche en potassium, mais surtout en magnésium. C'est une roche volcanique qui allège et revitalise les sols, on pense aux sols à à proximité de nouvelles constructions ou au sol de certains champs qui ont étés cultivés et épuisés par les pesticides.

- Les engrais composés ou simples (commerces) qui sont considérés comme complémentaires à un apport de compost, selon la qualité vendue. Il nous est important de prêter attention à l'origine et à la nature des composantes de ces engrais même si d'avantages de compagnies fabriquent des mélanges d'engrais naturels tous usages. Cependant, il reste important de délimiter quelques règles : qu'ils soient à libération lente.

Dans la liste: La corne broyé pour les plantations de tous types: apports P et K le sang séché pour l'entretien à la surface à la fin du printemps : apport N (début à mi-juin) en l'enfouissant et enfin, l'engrais 2 en 1 avec les cosses de sarrasin ou les fèves de cacao comme paillage (7cm d'épaisseur minimum) substance qui embêtent certaines plantes indésirables tout en amendant le sol en humus comme les autres paillages mais en gardant un PH neutre.

Il faut éviter les engrais chimiques, soluble. Pourquoi éviter, ce type d'engrais ? Changeons de paradigme, selon nous une plante absorbe ces nutriments de façon prolongé et se régule d'elle même au bout de quelques mois par rapport à l'apport de fertilisant organique. Les engrais chimique sont juste là pour forcer l'azote du sol pour faire croire que cela fait du bien à la plante. C'est illusion. Ainsi, des plantes manquant de vivacités (sauf mauvais emplacement) seront sur le long terme, bien plus saines et mieux enracinées.

À titre d'exemple, nous avons procédé récemment à un amendement et à une fertilisation pour des massifs de buis et de rosiers, qui n'avaient pas été enrichis depuis un certains temps. Sur place, nous avons observé une terre très tassée et à fort taux calcaire ou basique.

Grâce à un compost fait sur place, nous avons alors proposé "d'aérer" la terre (sans binage ni bêchage) tout en incorporant du compost avec, en complément, du sang séché et corne broyé comme fertilisant/engrais. Cela permet de redonner plus de vigueur au végétal (plus vert), mais surtout de le renforcer dans sa lutte face aux parasites, notamment cryptogamiques.

Compost-300x196

Travail du sol

Dans notre politique d'amélioration du sol, nous ne préconisons pas le binage lourd ni le bêchage que ça soit pour les jardins d'ornement et potager qui dérange les strates du sols (en inversant celle-ci par le bêchage).

Ceux-ci sont souvent touchés par des carences et des maladies, du fait qu'en remuant le sol, on enlève les micro-organismes. Retourner le sol ne permet pas d'en garder la richesse. Le sol doit regrouper les facteurs suivants : matière organique, bonne aération (griffage ou pénétration par fourche), équilibre chimique, PH neutre ou presque (entre 5 et 7). Il y a aussi des techniques toutes simples. On peut, par exemple, réutiliser des résidus de la taille des herbacées comme des vivaces (pas de bois supérieur à 0,5 m de diamètre) qui, finement découpés, peuvent donner un complément d'azote aux plantes du massif, dit "compostage de surface".

En sols lourds et compacts, l’ameublissement sans bêchage peut se faire à la « grelinette » (souvent 2 modèles : 5 dents de 25cm et 4 dents de 30cm). Cet outil divise et fissure la terre avec un minimum d’effort, sans la retourner. Dans le but de retrouver un « couscous terreux » selon l’expression de Dominique Soltener, c’est-à-dire une terre de surface meuble et en fin grumeaux, avant de repiquer et de semer. C’est outils est complémentaire au croc qui assure la finition et le nivellement du terrain.

Voici ci-dessous, une interview nous expliquant l’historique de la Grelinette :

Où s’épanouit sous nos pieds une vie foisonnante, que nous décrit un des habitants de cette petite cité,
le ver de terre.
Mais arrive un jour l’homme moderne, l’homme savant et ses belles formules magiques, ses formules chimiques...
Le fragile humus et ses équilibres sécu­laires, mais précaires, sont en danger ; qui va gagner ?

Passage d'une fable de Marie-Laure Guihard, de son livre: L’Homme et le Ver de terre.

Sources/pour aller plus loin:


 

- Claude et Lydia Bourgignon: le LAMS

- Gilles Domenech : jardinage sol vivant

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *